[BOUQUINS] Richard Plourde – Revenir

R. Plourde - RevenirComme le rush littéraire semble s’apaiser quelque peu je m’offre une escapade imprévue au programme, direction le Québec avec Richard Plourde et son roman Revenir – L’Etonnant Destin de John Fisher. Une chronique un peu particulière puisque c’est sur invitation de l’auteur que je me suis plongé dans ce bouquin ; je le dis et le répète, je trouve le geste très sympa et ne me défausserai jamais dans de telles circonstances (sauf si vraiment le sujet me laisse de marbre) mais ce n’est pas pour autant que je rédigerai une chronique allant à l’encontre de mon ressenti.
Quatrième de couv’ : Un jour, sans prévenir, John Fisher a tourné le dos à son passé, à son nom, à son père. Ce choix, il croyait être en mesure de l’assumer, jusqu’à ce qu’un coup de téléphone vienne faire dérailler son train de vie. C’est comme ça quand le destin appelle et t’exige de revenir…
Ecrit à la première personne le bouquin nous place dans la peau de John Fisher et annonce dans son prologue qu’il tient à nous relater un épisode qui a changé sa vie. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’on a hâte qu’il change parce que dans les premiers chapitres on a à faire à un connard puant d’ambition, imbu de lui même et infect avec les autres : la parfaite tête à claques, après 3 chapitres on en est à  lui souhaiter une rechute ! Mais bon comme il le dit lui même en introduction à son récit : « Je n’ai pas toujours été détestable. » ; hmouais admettons (même si on se demande de quand ça date puisqu’au chapitre 10 on apprend que déjà au lycée c’était un connard arrogant), laissons lui le bénéfice du doute pendant quelques pages encore. Si d’ici là il n’a pas changé ou (mieux murmure le sadique qui sommeille en chacun de nous) n’agonise pas dans d’atroces souffrances, je sens qu’on va pas être copain.
Le coup de fil en question intervient dans le cinquième chapitre mais notre gugusse est toujours un abruti fini, je ne lui trouve aucune excuse. Paradoxalement c’est aussi ce qui fait la force de ce roman, un personnage au caractère bien trempé. Que vous l’aimiez ou le détestiez vous serez bien obligé d’admettre qu’il est tout sauf insipide. Un bon point pour Monsieur Plourde.
Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler comment l’auteur fera évoluer (ou stagner) son personnage. Passons à la suite : le genre. Difficile à caser sous une étiquette bien précise, bien que peu épais le roman est très riche et aborde différents thèmes sans jamais donner l’impression de s’éparpiller et surtout sans jamais nous ennuyer, peut être en partie parce que ces thèmes sont ceux qui font notre quotidien. Le bouquin est servi en cela par le style très fluide (les quelques touches typiquement québécoises permettent de s’ancrer encore plus au récit) de l’auteur qui permet une lecture agréable et même prenante. Un autre bon point pour Monsieur Plourde.
Peut être pas le chef d’oeuvre du siècle (et je doute que cela ait été la prétention de l’auteur) mais une lecture fort sympathique, pleine d’émotions et d’humanité. Certes pas un sans faute (une fin très prévisible et des dialogues parfois « artificiels ») mais une belle réussite quand même.
Si Richard Plourde était pour moi un parfait inconnu son précédent titre, Si Tu Savais, semble avoir rencontré un joli succès critique au Québec. Déjà ici on a du mal à se procurer les bouquins qui sortent des sentiers battus ou des grosses maisons d’édition, je n’ose imaginer la réaction de ma libraire si je lui demande de me commander un titre paru aux Editions de la Francophonie…

[MUSIC] Lynda Lemay – Feutres & Pastels

Lynda Lemay - Feutres & PastelsSi vous me demandez de vous nommer la chanteuse francophone que je préfère je vous répondrais sans hésitation : Lynda Lemay. Je l’ai découverte en 2000 avec son album Du Coq A L’Ame, ça a été le coup de foudre musical instantané ! Depuis je ne rate aucun de ces albums, je me suis même procuré les cinq sortis avant 2000. C’est donc tout naturellement que je consacre ce post à son treizième album : Feutres & Pastels.
Avant d’entrer dans le vif du sujet laissez-moi vous expliquer les raisons de ce coup de foudre. J’ai tout de suite été sous le charme de cette voix à l’accent chantant du Québec, mais surtout c’est une chanteuse à textes : ses chansons méritent une écoute totale et non simplement de défiler en fond sonore. Au fil des titres elle vous parlera d’elle, jouera avec humour sur les mots ou abordera des sujets plus graves. C’est ce cocktail qui ne m’a jamais déçu, et son dernier album ne déroge pas à la règle.
Visuellement on retrouve toujours la même sobriété que dans les jaquettes précédentes. Musicalement j’ai l’impression que les arrangements musicaux sont plus travaillés. Et textuellement c’est toujours un régal pour les oreilles.
Je ne vais pas vous faire une critique piste par piste (la version collector en contient 23, contre 17 pour la version simple). Pour illustrer mon propos je vais simplement tirer quelques pistes de l’album.
A tout seigneur tout honneur commençons par le premier titre, qui est aussi le single de promotion de l’album : Je tourne, je tourne ; elle y raconte sa vie d’artiste en tournée, avec ses joies et ses doutes. Le second titre, Comment ça va, porte un regard désabusé sur sa vie personnelle. Elle enchaîne ensuite avec Cagoule, qui dénonce le racisme à Montréal.
On aurait pu « craindre » un album plus sombre que les précédents, mais Lynda Lemay nous rassure avec un thème qui lui est cher : le rôle de la mère. Dans Quand j’étais p’tit gars, elle se met à la place d’un enfant devenu adulte qui s’excuse auprès de sa mère pour toutes les conneries qu’il a fait gamin.
Et bien entendu on retrouve des touches d’humour plus ou moins léger : Doux doux le méchant loup aborde l’infidélité tandis que Les petits et les grands joue clairement la carte comique pur et dur.
Lynda Lemay ajoute même une nouvelle corde à son arc en se posant comme militante pour le Québec libre avec son titre Attendre son pays. Question sur laquelle je ne me positionnerai pas, c’est l’affaire des québécois.
Je vous laisse découvrir la suite… Moi en tout cas je suis toujours sous le charme !

Lynda Lemay – Je tourne, je tourne