[BOUQUINS] Antti Tuomainen – Ce Matin, Un Lapin…

AU MENU DU JOUR


Titre : Ce Matin, Un Lapin…
Auteur : Antti Tuomainen
Éditeur : Fleuve Éditions
Parution : 2022
Origine : Finlande (2020)
349 pages

De quoi ça cause ?

Dans la vie d’Henri Koskinen, mathématicien actuaire dans les assurances, tout est carré, rationnel et logique, il n’y a aucune place pour l’imprévu.

Mais la vie est par définition imprévisible. Du jour au lendemain Henri se retrouve poussé à la démission. Il apprend ensuite que son frère est décédé, et qu’il lui lègue son parc d’aventure, en lui confiant la mission de renflouer le truc.

Un héritage qui n’a pas fini de lui réserver des surprises… et pas toujours des plus agréables.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que ça faisait déjà quelques temps que j’avais envie de découvrir l’univers littéraire d’Antti Tuomainen. Si c’est le thriller qui lui a permis de se faire connaître, il s’illustre depuis quelques années dans la comédie noire.

D’un autre côté, impossible de résister à l’appel de cette couv’ !

Ma Chronique

Ce matin, un lapin
A tué un chasseur…

Osez affirmer que vous ne connaissez pas cette rengaine ; le redoutable refrain de Chantal Goya qui n’aura de cesse de vous hanter si un malfaisant entonne cette lugubre litanie alors que vous passez à proximité.

Sous la plume d’Antti Tuomainen le lapin tue un tueur, ou plus exactement il sera l’arme du crime qui permettra à Henri Koskinen de se débarrasser de cet encombrant poursuivant… C’est ainsi que s’ouvre le nouveau roman de l’auteur finlandais.

Pas très rationnel tout ça me direz-vous, et pourtant figurez-vous qu’il n’y a pas plus rationnel et carré que Henri Koskinen, le personnage principal de ce roman. Comme il se plait à le répéter pour justifier son implacable logique : « Je suis actuaire ».

Dans les faits, quand Henri hérite du parc d’aventures (ne lui parlez surtout pas de parc d’attractions, ça n’a rien à voir) il n’est plus actuaire. Il vient en effet de démissionner à la suite d’une divergence de vue avec son supérieur hiérarchique.

Est-il besoin de préciser que le monde de l’actuariat n’a pas grand-chose à voir avec la gestion d’un parc d’aventures ? Surtout quand ledit parc est un joyeux bazar au sein duquel chaque employé mène sa barque comme il l’entend. Henri va devoir remettre tout ce petit monde sur les rails afin d’assurer le bon fonctionnement et la rentabilité de son parc.

Et comme si cela ne suffisait pas à lui compliquer la vie, v’là t’y pas que des gens peu recommandables viennent lui réclamer le remboursement des dettes de jeu de son regretté frangin… le genre d’individu chez qui la patience est plus que limitée.

Dans un pareil contexte Antti Tuomainen a de quoi nous concocter une galerie de portraits des plus hétéroclites ; et il ne s’en prive pas ! À commencer par Henri, qui n’est pas le typer le plus abordable qui soit tant il est obsédé par sa rigueur… mais qui va peu à peu s’ouvrir aux autres, et découvrir des facettes totalement inattendues de sa propre personnalité. De franchement barbant, le gars devient rapidement très attachant.

Vient ensuite le personnel du parc, tous méritent le détour tant leurs personnalités sont diverses et variées. Mais c’est surtout la belle Laura Helanto qui troublera notre brave Henri au plus haut point.

Par définition moins agréables à côtoyer, les truands font alors leur entrée en scène. Si certains respectent les clichés du genre (je pense notamment à l’Iguane et à son fidèle lieutenant, AK), d’autres s’en écartent allégrement (le big boss qui se détend en faisant de la pâtisserie mais n’hésite pas à exécuter de sang-froid – et avec beaucoup d’imagination – ceux qui se mettent à travers de son chemin).

Vous aurez même le droit, en guest-star, à un policier qui semble un peu perdu au milieu d’une enquête n’ayant ni queue ni tête…

Antti Tuomainen opte pour un ton décalé qui colle parfaitement à son intrigue. Au fil des tableaux on passe de situations totalement cocasses et improbables, à des scènes plus intimistes, voire à des moments où l’intensité dramatique est de mise. La barque est rondement menée, on se laisse volontiers balader par l’auteur qui jongle avec justesse entre roman noir et feel good. Un cocktail improbable qui se laisse déguster sans modération.

Ce roman est le premier tome d’une trilogie annoncée, au cas où vous vous poseriez la question, il peut parfaitement se lire comme un one shot, l’intrigue se joue du début à la fin, tout en ouvrant les portes vers d’autres péripéties…

Nul doute que je serai fidèle au poste pour retrouver, Henri, Schopenhauer, Laura… et le lapin !

MON VERDICT