[BOUQUINS] Gilles Legardinier – La Compagnie Des Heureux Hasards

Qui n’a jamais perdu foi en l’existence ? Qui n’a jamais été épuisé – voire écœuré – au point de douter de la valeur même de la vie ? Lily en est là.

Une rupture, beaucoup de désillusions… mais ce n’est pas cette part de son histoire qui nous intéresse.

Grâce à Mère-Grand et au Petit Poucet, Lily va découvrir un autre chemin. Loin d’un conte de fées, c’est une renaissance, aux antipodes des faux-semblants et des égoïsmes. Les Heureux Hasards vont la conduire jusqu’à la face cachée du monde tel qu’on ne le montre jamais.

Gilles Legardinier fait partie de ces auteurs que je considère comme incontournables. C’est encore plus vrai quand il nous propose de nouvelles rencontres placées sous le signe du feel good.

Quand nous faisons connaissance avec Lily, la nouvelle héroïne de Gilles Legardinier, elle n’est clairement pas au mieux de sa forme. Elle peine à se remettre d’une rupture récente — pourtant Dieu sait que son ex était, et demeure, une sinistre sous-merde. Résultat : elle est hébergée par une amie un peu fofolle mais adorable. Par-dessus tout, elle semble avoir totalement perdu foi en l’humanité et ne plus croire en son bonheur personnel.

Pour garder la tête hors de l’eau, Lily se lance à fond dans son nouveau job au sein d’une agence d’intérim pas tout à fait comme les autres. Une grande partie du personnel appartient en effet à la mystérieuse — et plus ou moins clandestine — Compagnie des heureux hasards, un groupe de collègues disparate qui s’est donné pour mission de venir en aide à des inconnus confrontés à des situations parfois critiques, parfois simplement tristes, mais toujours profondément humaines.

Cette Compagnie est l’occasion pour Gilles Legardinier de nous offrir une belle galerie de personnages. Certains bénéficient d’un éclairage plus appuyé en raison de parcours de vie atypiques — mention spéciale à Hugo, dont l’histoire m’a particulièrement touché. J’ai également développé une réelle sympathie pour Bruno, le patron de l’agence et fondateur de la Compagnie, qui incarne une forme de bonté simple, sincère et totalement désintéressée.

L’entourage de Lily n’est pas en reste, notamment Poppy, son amie et logeuse. Sous ses dehors fantasques, elle se révèle d’une humanité et d’une empathie désarmantes — un personnage comme Gilles Legardinier sait si bien en créer.

Comme souvent chez l’auteur, les animaux occupent une place de choix. Il y a d’abord Coincoin, le chat qui ne miaule jamais et squatte l’accueil de l’agence. Mais aussi tous ces animaux « anonymes » dont Hugo s’occupe avec une dévotion incroyable dans le refuge où il est bénévole. Cette présence animale ajoute une touche supplémentaire de tendresse et de sincérité au récit.

Vous l’aurez compris : on retrouve ici un roman bourré d’humour et d’émotion, une intrigue profondément humaine, construite avec intelligence et sensibilité. Certes, c’est très manichéen : les gentils sont adorables, les rares personnages franchement antipathiques (Vivien, l’ex de Lily, et Daviane, sa collègue) sont des déchets finis. Mais au fond, on s’en moque : une bonne pelletée de bons sentiments dans ce monde de brutes, ça fait un bien fou.

Malgré le rush des courses de fin d’année, j’ai réussi à boucler ma lecture avant le réveillon de la Saint-Sylvestre. Et finir l’année sur une note aussi bienveillante, croyez-moi, c’est un plaisir aussi précieux que réconfortant.