Je me suis longtemps demandé si je devais ou non pondre une chronique dédiée à cet album, dans le pour il y a bien sûr le fait que je sois un fan de Renaud (avec des hauts et des bas) et dans le contre j’ai une certaine méfiance/réticence envers ces albums hommages produits du vivant de l’artiste (en gros ça pue l’arnaque marketing). Au final c’est le pour qui aura eu le dessus comme vous pouvez le constater.
Renaud et moi c’est une longue histoire faite de hauts et de bas. J’ai découvert l’artiste à la fin des années 70 (voire début 80) avec l’album Laisse Béton ; sans forcément en comprendre toutes les subtilités (à ma décharge j’avais 12/13 ans), j’ai tout de suite accroché. Puis j’ai suivi mes parents en NC, il y a eu les Evénements (1984-1988). Les prises de position de certains artistes totalement ignares de la situation sur place, dont Renaud (qui a été jusqu’à chanter ses conneries), m’a fait bazarder ma collection de K7 (même pas cherché à les vendre, j’ai tout brûlé). Avec le temps et l’apaisement j’ai décidé de faire le distinguo entre les idées du citoyen Renaud et le chanteur (même si je censure encore certains titres) ; en guise de calumet de la paix j’ai acheté l’intégrale (75-97) et je la complète depuis au rythme des sorties d’albums.
Alors fan ? Oui. Inconditionnel ? Non. De Renaud je retiendrai surtout la période 1975-1985 (jusqu’à l’album Mistral Gagnant) qui est pour moi son âge d’or. 1985-1997, c’est le début de la fin même si certains titres arrivent encore à tirer leur épingle du jeu, la niaque n’y est plus. Ensuite silence radio jusqu’en 2002, un retour en demi-teinte avec Boucan D’Enfer, une lueur d’espoir en 2006 avec Rouge Sang. Puis c’est la douche froide en 2009 avec Molly Malone, un album de reprises de ballades irlandaises. Et nouveau encéphalogramme plat, avec son lot de rumeurs, de photos chocs etc…
Voilà pourquoi cet album, La Bande A Renaud, reste pour moi une option marketing pour renflouer l’artiste qui travaillerait sur un nouvel album studio. D’autant que l’initiative semble avoir été lancée par Renan Luce, qui n’est autre que le gendre de Renaud.
Les titres retenus ne sont pas forcément à l’image du meilleur de Renaud, les artistes ont choisi un titre qui leur parle et ont décidé de rendre hommage à son interprète. La note que j’indique en regard est purement personnelle, j’ai essayé de tenir compte de divers aspects (le titre en soi et son (ré)interprétation) :
– Manu (Jean-Louis Aubert) : 3/5
– Mistral Gagnant (Coeur de Pirate) : 4/5
– La Pêche A La Ligne (Benabar) : 4/5
– Laisse Béton (Disiz) : 5/5
– Il Pleut (Elodie Frégé) : 3/5
– Chanson Pour Pierrot (Raphael) : 3/5
– Hexagone (Nicolas Sirkis) : 4/5
– Deuxième Génération (Benjamin Biolay) : 2/5
– La Ballade Nord-Irlandaise (Nolwenn Leroy) : 5/5
– En Cloque (HF Thiefaine) : 3/5
– C’Est Quand Qu’On Va Où (Carla Bruni) : 2/5
– Je Suis Un Bande De Jeunes (Renan Luce – Alexis HK – Benoît Dorémus) : 5/5
– La Médaille (Grand Corps Malade) : 5/5
– Dès Que Le Vent Soufflera (La Bande A Renaud) : 3/5
Comme vous pouvez le constater les notes ne sont pas mauvaise (excepté Benjamin Biolay et Carla Bruni, les cancres, qui ne mettent ni coeur, ni tripes dans leur interprétation) mais il n’y a globalement aucun effort de réinterprétation (hormis Disiz qui se lâche sur Laisse Béton et GCM qui reprend La Médaille en slam).
Si vous voulez découvrir Renaud ou vous offrir une sélection de titres qui soit à son image, privilégiez les compils officielles. Pour ma part je vous conseille Le Very Meilleur Of Renaud (1995 – 2CD, 30 titres) ou, si vous voulez aller au delà de 1995, Le Plein De Super (2010 – 3 CD, 59 titres).