[BOUQUINS] Louis-San – Jiken – Horreur Et Faits Divers Au Japon

Connaissez-vous Shoko Asahara, le gourou millénariste, Issei Sagawa, le cannibale, Sada Abe, la geisha tueuse ou encore Masahiko Takahashi, le « Jack l’Éventreur » japonais ?

Ces noms ne vous évoquent peut-être rien, mais je peux vous assurer qu’après avoir lu leur histoire, vous ne pourrez plus les entendre sans ressentir un frisson le long de votre échine…

Je m’appelle Louis-San et j’ai rassemblé dans ce recueil dix faits divers parmi les plus effroyables de l’histoire du Japon.

J’ai toujours (d’aussi loin que je m’en souvienne en tout cas), été fan des émissions et bouquins relatant des affaires criminelles. Pour tout vous dire, mon addiction a commencé avec Pierre Bellemare que j’écoutais sur Europe 1 (« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… » comme le chantait le grand Charles).

J’ai plusieurs bouquins de ce type dans mon Stock à Lire Numérique, ayant reçu celui-ci à Noël j’ai décidé de lui accorder la primeur.

Quelques mots sur l’auteur avant d’entrer dans le vif du sujet. Sous le pseudo de Louis-San se « cache » Louis Szajner, un vidéaste web franco-japonais. Passionné par la culture nippone, il anime plusieurs chaines YouTube et sévit aussi sur d’autres réseaux sociaux (Instagram, Tik Tok, Twitch…).

À l’origine Jiken (fait divers en japonais) est le pilote d’une série audio diffusée par Audible. Le bouquin est une compilation des 10 affaires criminelles les plus marquantes de l’histoire du Japon. Vous découvrirez donc, par ordre d’apparition :

  • Shoko Asahara, le gourou de la secte Aum (1995)
  • Issei Sagawa, le cannibale (1981)
  • Sada Abe, la geisha tueuse (1936)
  • Miyuki Ishikawa, la sage-femme criminelle (1947)
  • Seito Sakakibara, l’enfant tueur (1997)
  • Kato Tomohiro, le massacre d’Akihabara (2008)
  • Junko Furuta, l’étudiante suppliciée (1989)
  • Masumi Hayashi, l’empoisonneuse au curry (1998)
  • Masahiko Takahashi, le « Jack l’éventreur » japonais (1968)
  • Chikako Ishikawa, la professeure disparue (1978)

Pour ma part je ne connaissais que les trois premiers cas, le premier parce que l’attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo avait fait la une des journaux au niveau international, le second parce que les faits se sont déroulés à Paris et avaient pas mal défrayé la chronique à l’époque, enfin, le troisième a été adapté au cinéma dans le film L’Empire Des Sens de Nagisa Oshima (1976) – film vu bien avant d’avoir l’âge requis.

Pour chacune des affaires décrites, Louis-San commence par exposer les faits avant de revenir sur le parcours de son personnage central (criminel ou victime selon les cas) et se termine sur le verdict rendu par la justice.

Au besoin le récit est ponctué par quelques explications sur les traditions et la culture nippones – il est vrai que leurs modes de vie, de pensée et de fonctionnement peuvent être parfois déconcertants pour les non-initiés.

L’exposé est concis et précis, il nous plonge en totale immersion dans le récit. C’est exactement ce que j’attends de ce genre de lecture.

Les articles sont enrichis d’illustrations signées Nogi San, une artiste traditionnelle et digitale spécialisée dans l’art d’inspiration japonaise. En l’occurrence les dessins, en noir et blanc avec parfois quelques touches de rouge, complètent parfaitement le récit.

Ajoutez à tout cela une sélection d’affaires très différentes les unes des autres et vous obtiendrez un bouquin qui devrait combler les amateurs de True Crime… et les autres ! Nul besoin d’être japonophile pour apprécier ces récits.

Si par hasard Louis-San penchait sur un second tome (il doit bien y avoir matière dans l’histoire criminelle nippone), je serai au rendez-vous.

[BOUQUINS] Jack Ketchum – Fils Unique

J. Ketchum - Fils UniqueJ’ai découvert Jack Ketchum avec le roman Une Fille Comme Les Autres qui s’inspirait d’un fait divers particulièrement sordide, une lecture éprouvante, voire dérangeante. Notre homme remet le couvert avec Fils Unique, lui aussi inspiré d’une histoire vraie bien vicelarde.
Lydia pense avoir enfin trouvé le bonheur. Son mari, Arthur, semble le meilleur des hommes. Leur jeune fils est merveilleux. Les années passant, la façade s’effrite, et son mari, sûr de sa toute-puissance, resserre son emprise sur sa famille. Prête à tous les sacrifices et même à se mettre en danger, Lydia fera tout pour tirer son fils de ses griffes. Mais Arthur n’est pas homme à renoncer à ce qui lui appartient…
L’auteur ne nous plonge pas directement au coeur de son intrigue, les premiers chapitres décrivent, en parallèle, les jeunes années de Lydia et Arthur, jusqu’à leur rencontre. Ce n’est qu’après la naissance de leur fils que la situation va commencer à se dégrader de plus en plus rapidement.
Quand il s’agit de nous plonger dans la violence ordinaire la plume de Jack Ketchum est toujours aussi efficace et percutante, ne perdons jamais de vue qu’il s’agit à la base d’une histoire vraie, c’est qui renforce l’horreur de la situation. On s’enfonce crescendo dans le sordide et la violence. L’auteur ne fait pas dans la dentelle ni dans la langue de bois, il expose les faits bruts de décoffrage sans chercher à ménager ses lecteurs mais sans non plus faire dans la démesure.
Ici il n’y a pas lieu de se poser la question de savoir qui est du bon côté de la barrière ou pas, Arthur n’a aucune excuse pouvant justifier ses agissements contre sa femme et contre son fils. Le reste c’est le combat d’une mère pour sauver sa propre peau et celle de son fils. D’abord un combat juridique, mais même si la justice devait les abandonner Lydia ne reculerait devant rien pour protéger son gamin. Difficile de trouver quoi que ce soit de rationnel, et plus encore de juste, dans les décisions de justice rendues tout au long de cette affaire ; la justice aveugle a merdé sur toute la ligne (je ne m’étendrai pas d’avantage sur la question afin de ne pas dévoiler trop d’éléments de l’intrigue, pourtant il y aurait bien à dire et à redire. Au lieu de ça je laisse à l’auteur le dernier mot sur la question : « Toute cette histoire m’a fichu en rogne. Et j’aime écrire sous l’effet de la colère« ).
Le bouquin est court mais intense, même globalement je l’ai trouvé moins éprouvant qu’Une Fille Comme Les Autres ça reste un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. Encore une lecture dont on ne sort pas indemne… Par moment j’me demande si je ne suis pas maso.
Pour la petite histoire Jack Ketchum fait partie de ces rares auteurs que Stephen King encense (il le considère comme « le deuxième plus important écrivain américain vivant, derrière Cormac McCarthy » et comme « le type le plus effrayant vivant en Amérique« ), je ne sais pas pour vous mais perso ce genre de référence ça me parle. Le King a même écrit la préface d’Une Fille Comme Les Autres, dans Fils Unique il est cité dans les remerciements.
Merci aux éditions Bragelonne qui permettent aux lecteurs français de découvrir le talent de Jack Ketchum, même s’il nous a fallu patienter prés de 15 ans (Fils Unique est sorti en VO en 1995 et en VF en 2009) ; heureusement que ses récits sont intemporels.
J’ai d’ailleurs relevé quelques cafouillages au niveau de la date de publication. La page de copyright fait état d’une première publication en VO en 1985. Date qui semble d’entrée de jeu improbable puisque l’auteur situe l’action en 1995 et dans la postface dit avoir été inspiré par un documentaire diffusé en 1994 sur HBO, ledit doc relatait des faits datant de 1989. Sur le site de l’auteur la première publication est bien signalée en 1995. Enfin, sur Wikipedia, on trouve Only Child (le titre du bouquin au Royaume Uni) en 1985 et Strangehold (le premier titre US du bouquin) en 1995…