[BOUQUINS] David Belo – Mon Ami Charly

Après un traumatisme, deux adolescents de 14 ans, Charly et Bastien, inventent le BINGO : une philosophie permettant d’anticiper, d’extrapoler et de déjouer les dangers de la vie.

Toujours en place trente ans plus tard, le BINGO promet des vacances d’été paisibles au mont Corbier pour Bastien et sa famille.

Mais lorsque l’énigmatique Chloé, meilleure amie de sa fille, se joint à l’escapade, le BINGO semble caduc.

Bastien panique et la montagne se métamorphose en théâtre des enfers.

Certaines choses sont imprévisibles.

Parce que c’est Taurnada, ce qui est déjà un gage de qualité en soi. Et parce que c’est l’occasion de découvrir un nouvel auteur qui a rejoint leur écurie.

Je remercie les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Avec Mon Ami Charly David Belo signe un thriller psychologique qui prendra un malin plaisir à jouer avec vos nerfs et vos certitudes. Pour un résultat optimum, l’auteur va aussi jouer avec la trame chronologique, multipliant les flashbacks et des visions alternatives de ce que nous tenions alors pour acquis.

Vous allez faire connaissance avec Bastien, marié à la femme qu’il aime depuis l’adolescence et père de deux enfants ; un homme comblé pourrait-on dire. Mais aussi un véritable névrosé de l’anticipation à tout prix, typiquement le gars qui me ferait péter une durite en quelques minutes si j’avais le malheur de le connaître.

On découvrira bien vite les raisons de la névrose de Bastien, et comment il a été amené, avec l’aide son ami Charly, à créer le BINGO. Un « outil » censé les préserver de toute mauvaise surprise ou imprévu.

Inutile vous dire que pour un gars qui veut tout prévoir et anticiper, apprendre à la dernière minute que la meilleure amie de sa fille va les accompagner lors de leurs vacances à la montagne est tout sauf une bonne nouvelle. Trop d’inconnues à envisager pour ce phobique de l’imprévu.

Une grande partie de l’intrigue repose sur la relation entre Bastien et Charly, pour ma part j’ai rapidement compris qu’il y avait un truc pas net dans l’affaire, j’avais échafaudé une première hypothèse bien vite balayée par le déroulé du récit. Je me suis alors laissé porter par l’intrigue avec ce sentiment persistant qu’il y avait un bug quelque part, j’étais toutefois à mille lieues d’imaginer la surprise que nous réservait David Belo.

Bien que n’ayant eu aucune empathie pour les personnages de Bastien – son côté névrosé obsessionnel a définitivement été rédhibitoire – et de Charly – là c’est purement viscéral, je ne le sentais pas –, cela ne m’a nullement empêché d’apprécier l’intrigue machiavélique tissée par l’auteur.

Force est de reconnaître que David Belo s’attache à travailler en profondeur la personnalité et la psychologie de ses personnages ainsi que leurs liens. Même les personnages qui pourraient passer pour « secondaires » bénéficient d’une attention particulière afin que rien ne soit laissé au hasard dans le déroulé de son intrigue.

Le récit à la première personne nous plonge dans les méandres de l’esprit tourmenté de Bastien, pas toujours facile de démêler le vrai du faux. Un doute semé intentionnellement par l’auteur qui contribue à embrouiller les neurones – déjà rudement éprouvés – des lecteurs.

Incontestablement le véritable tour de force de l’auteur tient dans la troisième et dernière partie de son récit. C’est un pari pour le moins audacieux de balayer d’un simple revers de la main tout ce que nous pensions alors savoir. Cela aurait pu être un écueil fatal pour David Belo, mais il sait contourner l’obstacle pour que son brusque revirement de situation s’intègre parfaitement à l’intrigue.

Même si parfois le roman peut parfois paraître un tantinet déconcertant, je le referme totalement conquis et satisfait. Aucun doute, David Belo ne détonne pas dans le catalogue des éditions Taurnada.