AU MENU DU JOUR
Titre : Chambres Noires
Auteur : Karine Giebel
Éditeur : Belfond
Parution : 2020
Origine : France
272 pages
De quoi ça cause ?
Quatre nouvelles inédites dont les héros, ou anti-héros, incarnent et dénoncent tour à tour les manquements de notre société. Quatre histoires pour lesquelles Karine Giebel emprunte les titres de grands films qui l’ont marquée.
Trois nouvelles déjà parues dans Treize à table ! (éditions 2017, 2018 et 2019) au profit des Restos du Cœur, plus une nouvelle écrite en plein confinement et publiée dans Des mots par la fenêtre au profit de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est Karine Giebel, même si je ne suis pas forcément un grand fan du format nouvelle, je sais que l’auteure excelle dans le genre.
Ma Chronique
Je remercie chaleureusement les éditions Belfond et Net Galley pour leur confiance renouvelée.
Visuellement la couv’ donne le ton en associant littérature et cinéma, un choix plus que judicieux compte tenu de la situation sanitaire et ses conséquences sur le monde de la culture (tout particulièrement le cinéma et les cinémas, lourdement impactés par les diverses mesures de distanciation sociale).
Les quatre premières nouvelles du présent recueil sont des inédits portant chacune le titre d’un film qui compte aux yeux de l’auteure ; soit dit en passant les titres choisis collent parfaitement au contenu de leur nouvelle.
C’est pour Karine Giebel l’occasion de confronter ses personnages aux dysfonctionnements de notre société, qu’il s’agisse du laxisme (avéré, présumé ou ressenti… telle est la question) de la justice, des inégalités et injustices sociales qui frappent de plus en plus de monde ou encore la situation des personnes âgées en EHPAD avant et pendant la crise sanitaire liée au COVID-19.
Ces quatre nouvelles sont de loin les plus intéressantes et les plus intenses du présent recueil ; les plus longues aussi, à elles seules elles représentent pas loin de 75% du bouquin.
Voici mes notes (sur 5) pour ces quatre nouvelles :
Le Vieux Fusil (Robert Enrico – 1975) : 5
L’Armée Des Ombres (Jean-Pierre Melville – 1969) : 4
Un Monde Parfait (Clint Eastwood – 1993) : 4
Au Revoir Les Enfants (Louis Malle – 1987) : 5 (voire 6)
Les quatre nouvelles suivantes sont des rééditions parues précédemment dans des recueils caritatifs ; une dans le recueil Des Mots Par La Fenêtre au profit de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France, les trois autres dans les éditions 2017, 2018 et 2019 du recueil 13 À Table ! au profit des Restos du Cœur.
Des nouvelles que je découvre n’ayant pas eu l’occasion de lire les recueils en question. Des textes courts, mais percutants.
Des nouvelles qui collent parfaitement à l’actualité du moment, la crise sanitaire ayant eu de lourdes conséquences économiques, les Restos du Cœur sont plus que jamais sollicités. Le rêve de Coluche, que son initiative solidaire ne dure qu’un ou deux ans avant un retour à une situation plus acceptable, apparaît malheureusement plus que jamais comme une utopie.
Mon verdict pour ces quatre nouvelles :
Sentence (Des Mots Par La Fenêtre – 2020) : 5
Dans Les Bras Des Etoiles (13 À Table ! – 2018) : 4
Les Hommes Du Soir (13 À Table ! – 2019) : 4
L’Escalier (13 À Table ! – 2017) : 4
Un recueil qui regroupe des nouvelles très différentes les unes des autres, mais l’on reconnaît sans mal la griffe de Karine Giebel, que l’approche soit événementielle ou sociétale, elle reste fortement teintée de noir. Une approche qui n’empêche pas l’auteure d’accorder une grande place à la dimension humaine de ses récits en mettant en avant les sentiments (bons ou mauvais) des uns et des autres ; sur ce dernier point, mention spéciale à la nouvelle Au Revoir Les Enfants qui ne devrait laisser personne indifférent tant elle sonne juste et vrai.
Avec ces huit nouvelles Karine Giebel confirme qu’elle maîtrise à la perfection les règles de cet exercice délicat, en quelques pages elle vise juste et fait passer son message droit au cœur et aux tripes. Indéniablement elle compte parmi les grands noms du genre, et pas seulement parmi les auteurs francophones, je n’hésite pas à la mettre quasiment au même niveau que Stephen King, un autre cador (sinon LE cador) en matière de nouvelle.