[BOUQUINS] Tarn Richardson – Les Ressuscités

1917. Les temps n’ont jamais été plus sombres. La guerre déchire le continent européen. En Russie, les premiers brasiers de la révolution s’enflamment ; du côté de l’Ukraine, ce sont des flammes bien réelles qui dévorent les églises consacrées aux archanges. Et il semblerait que loups-garous et inquisiteurs déchus fassent concorde pour former une nouvelle armée. L’Apocalypse se profile. Le Vatican est dévoré à son tour par des luttes intestines. D’obscurs secrets dissimulés dans ses caves depuis la nuit des temps refont surface. Pire encore, les Prophétesses sont assaillies de visions annonçant l’ascension imminente de l’Antéchrist.

Une seule personne semble susceptible de s’opposer aux forces du mal qui triomphent de tous côtés : l’inquisiteur Poldek Tacit. Mais depuis sa disparition sur le plateau du Karst, deux ans auparavant, personne n’est parvenu à lui mettre la main dessus. Or les secondes deviennent précieuses, quand on approche la fin des temps.

C’te question, j’te jure ! Parce que c’est la conclusion de la trilogie La Main Noire, ultime Opportunité pour Poldek Tacit et ses amis de contrecarrer les plans maléfiques de leurs ennemis.

Je remercie les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

À la fin du précédent opus notre inquisiteur préféré était avalé par les eaux tumultueuses de l’Isonzo après une chute vertigineuse. Il n’y a pas dire, Poldek Tacit a un véritable don quand il s’agit de se retrouver dans des situations inconfortables.

Pas le temps de pleurer leur ami disparu pour Isabella, Henry et Sandrine. Le combat continue, plus âpre que jamais. Ne pouvant se battre que sur un front, c’est le cardinal et ses loups qu’ils traquent. Pendant ce temps la Main Noire étend inexorablement son emprise sur le Vatican.

Comme dans les précédents opus Tarn Richardson combine avec brio la grande Histoire (je salue au passage le formidable travail de documentation de l’auteur) et la fiction. Ainsi l’épidémie de grippe espagnole qui s’est abattue sur le monde en 1918 trouve ici une explication qui ne figure pas dans les livres d’Histoire. Soit dit en passant d’ailleurs que nos fameux manuels tendent à minimiser – voire à ignorer purement et simplement – le rôle pourtant décisif de cette épidémie dans la fin du conflit.

Ce troisième et dernier opus lève donc le voile sur l’identité de l’Antéchrist, au vu de la haute considération que j’ai pour les hommes d’église dans leur ensemble, je n’ai pas été surpris outre mesure par cette révélation. Compte tenu de la position de notre gugusse au sein du Vatican, il va sans dire que le Saint Siège va subir les affres d’un vent réformateur et corrupteur.

Pour livrer son ultime combat, Poldek Tacit apparaîtra plus torturé que jamais. Tiraillé entre son amour pour Isabella et sa « destinée » (ou plus exactement celle que d’autres ont choisi pour lui), il va devoir se battre contre ses démons intérieurs et ces voix qui le tourmentent. Par moments il en apparaîtrait presque fragile, mais ne vous fiez pas aux apparences : ça reste Poldek et le gars ne fait pas vraiment dans la dentelle quand il s’agit de régler un problème.

Une conclusion en apothéose pour une trilogie qui n’en méritait pas moins. De loin le tome le plus sombre de la série mais bon quand un Antéchrist est de la partie on ne peut pas vraiment s’attendre à autre chose. Ce n’est pas à grand renfort de Pater Noster ou d’Ave Maria qu’on va le renvoyer dans ses 22 mètres ! Un bon coup de latte dans les burnes est parfois plus persuasif qu’une giclée d’eau bénite dans la tronche.

Comme dans le précédent tome, au fil des pages les alliances se font et se défont, quitte à défier parfois l’ordre naturel (spirituel ?) des choses. Il faut toutefois bien reconnaître qu’il n’y a pas d’énormes révélations lors de cette ultime confrontation.

« Petite » nouveauté du présent opus, certains personnages vont être amenés à voyager hors des frontières européennes pour mener à bien leur plan.

Une trilogie plutôt audacieuse et originale qui tire bien son épingle du jeu malgré quelques longueurs et redondances. Pour ma part Tarn Richardson fait désormais partie des auteurs à suivre de près (son prochain titre devrait être une revisite de l’histoire de Jack L’Eventeur, titre temporaire : Ripped).

Pour info en version originale une nouvelle – préquelle de la trilogie –, The Hunted, est disponible à titre gratuit. Juste pour boucler la boucle ce serait sympa que Sonatine nous la mette aussi à disposition.