[BOUQUINS] Armelle Carbonel – Enigma

Domaine de la Haute-Barde. Un énigmatique orphelinat, théâtre de terribles événements. Par une nuit d’orage, soixante-neuf ans plus tôt, des enfants ont mystérieusement disparu.

Spécialiste des édifices à l’abandon, la journaliste et cinéaste Barbara Blair va tenter de comprendre ce qui leur est arrivé. Mais les habitants du petit village n’apprécient guère cette étrangère qui vient remuer ce passé trouble, d’autant qu’un nouveau drame ne tarde pas à les frapper.

Entre légende et réalité, Barbara est confrontée à une énigme qui menace de réveiller les démons d’autrefois mais aussi ses plus douloureux souvenirs.

Certains secrets doivent être tus à tout jamais, au risque de vous hanter jusqu’à votre dernier souffle.

Parce que c’est Armelle Carbonel, une auteure qui a su marquer les esprits dès son premier roman (Criminal Loft) pour finir, au fil des romans par imposer sa griffe dans le monde du thriller (fortement saupoudré de noir) francophone.

Je remercie les éditions Fayard et la plate-forme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

J’ai découvert Armelle Carbonel via les regrettées éditions Fleur Sauvage et son premier roman – hors auto-édition – Criminal Loft. D’emblée l’auteure a démontré qu’elle maîtrisait les règles aussi bien du thriller psychologique que du roman noir. Un talent qui a été crescendo au fil des romans, l’auteure poussant toujours plus loin dans la noirceur de l’âme humaine.

Avec ce cinquième roman Armelle Carbonel confirme cette tendance, elle va prendre un malin plaisir à jouer avec vos nerfs et votre adrénaline, n’hésitant pas à rebattre totalement les cartes pour achever le lecteur.

Une fois de plus l’auteure opte pour situer son intrigue dans un lieu hors du commun et surtout de sinistre réputation, en l’occurrence un ancien orphelinat qui a été le théâtre d’une disparition en masse (et sans doute d’un massacre) qui demeure inexpliqué à ce jour. L’endroit parfait pour générer une ambiance anxiogène au possible.

En parallèle, il sera souvent fait référence à un autre lieu et à une autre époque, clins d’œil qui nous renvoie à un précédent roman de l’auteure, Sinestra. Roman qui s’avère être le seul que je n’aie pas encore eu l’occasion de lire (publié initialement chez Ring qui ne proposait aucune offre numérique). Une lacune qui ne s’avérera jamais gênante pour la compréhension de l’intrigue.

Une intrigue qui va se tisser et s’étoffer entre le passé et le présent, entre les faits et les légendes, entre secrets, non-dits et mensonges.

Si Armelle Carbonel aime malmener ses personnages, cela ne l’empêche nullement de leur accorder un soins tout particulier. Des personnalités souvent complexes, à commencer par Barbara Blair qui s’investit à fond dans le travail pour essayer d’oublier un drame survenu quatre ans plus tôt, sur un autre tournage. Un drame qui a aussi profondément marqué son équipe, David et Warren.

Là encore rien n’est définitivement acquit, l’auteure est capable de faire basculer ses personnages en un claquement de doigts (un plaisir qu’elle ne boudera pas au fil des chapitres).

À tel point d’ailleurs que je ne sais trop comment interpréter l’épilogue du roman. Est-ce une ultime révélation qui remet totalement en cause tout ce que l’on croyait savoir ? Ou est-ce simplement une autre branche de l’arbre des possibles ? À chacun de l’interpréter comme bon lui semblera.

Plus que jamais Armelle Carbonel fait honneur à son surnom de « nécromancière », incontestablement une plume devenue incontournable pour les amateurs de thrillers bien glauques.