[BOUQUINS] Isabelle Desesquelles – UnPur

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I. Desesquelles - UnPur
Titre : UnPur
Auteur : Isabelle Desesquelles
Éditeur : Belfond
Parution : 2019
Origine : France
224 pages

De quoi ça cause ?

Été 1976, alors qu’il est en vacances à Venise avec son frère jumeau, Julien, et leur mère, Clarice, Benjamin, 8 ans, est enlevé.

C’est trente ans plus tard que Benjamin refera surface, sur le banc des accusés, alors que s’ouvre son procès, mais aussi, et surtout celui de son ravisseur.

Il lui faudra huit années de plus avant qu’il accepte de reparler, pour la première fois depuis son enlèvement, à son frère, Julien. Déterminé à tout lui raconter, même ce qu’il n’a pas dit au tribunal…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Au fil de mes errances sur Net Galley, j’ai d’abord été intrigué par le titre et la couverture du roman, un coup d’oeil à la quatrième de couv’ a achevé de mettre en alerte ma curiosité.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Belfond et Net Galley pour leur confiance renouvelée. L’occasion de découvrir ce roman en avant-première ; j’ai attendu la parution (format papier) du bouquin avant de publier ma chronique, car tel était le souhait exprimé par l’éditeur (sachant que le roman a fait l’objet d’une masse critique sur Babelio et avait donc déjà de nombreux retours en ligne avant qu’il ne soit publié).

Si Isabelle Desesquelles n’en est pas à son coup d’essai, j’avoue sans aucun complexe que je ne connaissais pas l’auteure. Pour une découverte le moins que l’on puisse dire c’est que je commence avec du lourd, du très lourd…

Le jeu de mots ambigu sur le titre ne vous aura certainement pas échappé, faut-il l’interpréter comme Un Pur ou Impur ? C’est la question qui viendra tarauder le lecteur au fur et à mesure qu’il découvrira le témoignage de Benjamin. Nul ne contestera le fait que Benjamin ait été avant tout une victime qui a perdu son enfance et son innocence entre les griffes d’un prédateur sexuel ; c’est la suite des événements qui interrogera et tourmentera le lecteur.

Isabelle Desesquelles aborde un sujet à la fois glauque, délicat et sérieux, dire qu’elle s’aventure en terrain glissant serait une litote tant une mauvaise approche de la question pourrait transformer le bourbier en véritable merdier. Un sacré challenge que de trouver à la fois la forme et le ton les plus adaptés au traitement d’un tel sujet.

Mais avant de vous parler du contenu, j’aimerai aborder le contenant, à savoir la couverture du roman. Rien de franchement transcendant me direz-vous ; et bien détrompez-vous, elle prend tout son sens une fois que vous aurez refermé le bouquin.

Sur la forme l’auteure opte pour le témoignage et donc un récit à la première personne (presque exclusivement consacré à la confession de Benjamin). Je serai tenté de dire que c’est encore la meilleure façon d’aborder de front le parcours de Benjamin.

Je conçois volontiers que de prime abord le ton choisi puisse paraître impersonnel et détaché des événements et que cela puisse déconcerter certains lecteurs. Mais il faut aller au-delà des mots et des phrases pour apprécier le récit dans toute sa ténébreuse singularité.

Isabelle Desesquelles nous raconte l’insoutenable sans sombrer dans les descriptions outrancières ou le sentimentalisme exacerbé, mais sans chercher à se voiler la face ou à nous cacher la vérité dans toute sa noirceur. Elle joue sur les tournures de phrases avec des images courtes, mais percutantes, telles que « On n’est pas ravi d’être enlevé« , ou encore « Et j’apprends qu’en comblant un trou, on enterre un enfant » sans oublier le « sang blanc » qui vient souiller Benjamin chaque fois que le « fusil » se décharge en lui. Des images qui nous renvoient les faits bruts de décoffrage en pleine gueule !

Un roman court, mais dont se dégage une rare intensité, à la fois d’une absolue noirceur, mais pas totalement désespéré. Une lecture éprouvante et parfois même dérangeante, mais dont vous aurez un mal fou à vous détacher, non par voyeurisme malsain, juste pour connaître le fin mot de l’histoire.

J’ai en effet mentionné précédemment une interrogation qui n’aura de cesse de turlupiner le lecteur, ne comptez pas sur moi pour vous apporter des éléments de réponse ; je dirai simplement que le choix de l’auteure est plutôt judicieux sur ce point.

Un roman qui ne devrait laisser personne indifférent, tant sur le fond que sur la forme.

Pour l’anecdote le fichier numérique reçu via Net Galley porte la mention « Épreuves non corrigées » ; si je n’ai relevé aucune coquille rédhibitoire à la lecture du roman, j’ai toutefois retravaillé l’epub afin d’en améliorer la lisibilité (ne serait-ce que par un redécoupage de certains fichiers constituant le roman et l’intégration d’une table des matières). Vous me connaissez, je suis un tantinet maniaque !

MON VERDICT
Coup de poing