[BOUQUINS] Natacha Calestrémé – Le Testament Des Abeilles

N. Calestrémé - Le Testament Des AbeillesAu menu de cette chronique un thriller qui m’avait été recommandé par Marquise66 via Booknode, Le Testament Des Abeilles de Natacha Calestrémé.
Le major Yoann Clivel de la PJ parisienne est appelé sur une scène de crime, trois victimes, un couple et leur fille. Même si tout laisse à penser à un coup de folie du père qui aurait tué sa femme et sa fille avant de se suicider, Clivel sent que quelque chose cloche sans réussir à mettre le doigt dessus. Deux semaines plus tard nouvelle scène de crime, une femme défenestrée et douze autres victimes dans le même immeuble, aucune trace de lutte ni d’effraction, et encore plus troublant : aucune blessure apparente. Quelques jours plus tard on retrouve vingt-huit victimes dans un même immeuble et toujours aucune piste criminelle. Le major Clivel est convaincu que ces trois affaires sont liées, reste à trouver le lien pour identifier le ou les coupables…
Ah que voilà une découverte fort sympathique, une intrigue bien travaillée, plutôt originale et surtout riche en surprises et autres fausses pistes, des personnages attachants et une écriture fluide, sans fioriture inutile ; ça se lit tout seul et avec délectation (dévoré en 2 jours). Si le thriller avec l’écologie comme toile de fond n’est pas une nouveauté (je pense notamment à Colères de Denis Marquet ou encore Etat D’Urgence de Michael Crichton) le mix est particulièrement convaincant, outre une enquête captivante et rythmée on a aussi le droit à de nombreuses informations détaillées sur les rapports destructeurs de l’homme à la nature (tout étant rigoureusement exact, on sent que le sujet tient à coeur à l’auteure). Ces informations, ainsi présentées, hors de tout contexte politique, ont plus d’impact (et croyez moi ça donne à réfléchir) que toutes les déblatérations de la clique « écolo-pastèque » (vert dehors, rouge dedans) à la sauce EELV (les Duflot, Hulot, Mamère, Joly et CONsorts).
J’ai lu quelques critiques négatives du fait de l’apport d’éléments fantastiques au récit, pour ma part je n’ai rien vu de tel dans ce roman, pour considérer les guérisseurs, magnétiseurs, radiesthésistes et médiums comme relevant du fantastique il faut avoir des oeilléres blindées, ce n’est pas parce que l’on n’est pas foutu d’expliquer une chose que celle-ci n’existe pas ; cet obscurantisme a le don de me foutre hors de moi, certes il y a bon nombre de charlatans derrière ces prétendus « magiciens » (il suffit de lire les annonces des journaux gratuits pour s’en rendre compte) mais il existe aussi des personnes ayant un véritable don, tout mettre dans le même panier témoigne d’une évidente étroitesse d’esprit.
S’il s’agit du premier roman de l’auteure Natacha Calestrémé a déjà signé plusieurs essais et est aussi une réalisatrice de documentaires pour la TV, le point commun de son oeuvre restant les rapports entre l’homme et la nature, contrairement à ceux que je mentionne plus haut c’est ce que j’appelle une écologiste au sens noble du terme. Un second roman devrait être publié prochainement mais surtout elle travaille sur une nouvelle intrigue mettant en scène son équipe de choc de la PJ parisienne.

[BOUQUINS] Franck Thilliez – Fractures

F. Thilliez - FracturesJe comptais bien inscrire un roman de Franck Thilliez dans mon challenge 100% thriller mais j’en voulais un qui ne fasse pas appel à un des ses personnages récurrents (Franck Sharko et Lucie Henebelle), dans la mesure du possible j’aime prendre ces « séries » dans l’ordre chronologique afin de suivre l’évolution des protagonistes ; souhaitant aussi un titre récent mon choix s’est naturellement porté sur Fractures.
Alice Dehaene est suivie par un psy pour essayer de se débarrasser de ses cauchemars et surtout de ses « trous noirs », des périodes plus ou moins longues dont elle ne garde aucun souvenir. Sa situation se complique quant elle découvre une photo récente de sa soeur alors que celle-ci est supposée être morte depuis une dizaine d’années ; la jeune femme réalise alors que sa vie n’est qu’un mensonge, mais pourquoi tous ces mensonges ? Pourquoi son père lui a-t-il menti tout ce temps ? Quel est le véritable rôle du Dr Graham, son psy, dans cette duperie ? Qu’est devenue Dorothée, sa soeur ?
Vous proposer un pitch exhaustif de l’intrigue me semble relever de la mission impossible, j’ai essayé d’aller à l’essentiel en me concentrant sur le seul personnage de Julie mais sachez que l’ensemble est d’une incroyable complexité avec plusieurs intrigues qui se croisent et se combinent. Je vous avouerai très honnêtement qu’au début j’ai été un peu largué (soit dit en passant que ça commence fort avec 2 prologues n’ayant apparemment aucun rapport l’un avec l’autre), mais heureusement l’auteur réussit à nous scotcher à son récit, une fois que l’intrigue vous aura ferré vous ne pourrez plus la lâcher avant d’avoir eu le fin mot de l’histoire (après un périple riche en rebondissements et délicieusement éprouvant pour les nerfs). Au fil des pages on sent que l’auteur s’est richement documenté sur les dysfonctionnements du cerveau humain et les divers troubles de la personnalité ; à défaut d’être un sujet inédit dans le petit monde du thriller il est ici parfaitement maîtrisé et donne une réelle consistance au récit.
Bien entendu l’on croise de nombreux personnages au cours du roman mais de prime abord (le ressenti évolue au fil des pages) je n’ai réussi à éprouver de sympathie que pour trois d’entre eux : Alice, Julie et Fred. Le Dr Graham apparaît trop ambigu pour être honnête, le père d’Alice m’a tout de suite été antipathique quant au mystérieux catatonique, malgré tout ce qu’il a enduré, je n’ai pas ressenti une once de pitié pour lui (je n’en dirai pas plus afin de pas casser le suspense). Au fil des chapitres le ressenti évolue, parfois en bien, parfois en mal (il n’y a que pour le père et le catatonique que mon avis n’a pas bougé d’un iota, de la première à la dernière page).
Cette seconde incursion dans l’univers littéraire de Franck Thilliez ne fait que confirmer la bonne impression que m’avait laissé Vertige, l’auteur signe là deux thrillers non seulement excellents mais surtout radicalement différents l’un de l’autre. Du coup je vais m’attaquer au personnage de Sharko (2 titres), puis Henebelle (1 titre) avant de les retrouver réunis pour 3 autres titres ; pas tout de suite mais nul doute que vous retrouverez Franck Thilliez dans ces modestes chroniques…
Pour la petite histoire j’ai récupéré cet ebook sur le site des Hérétiques, s’ils sont moins productifs que la Team leurs réalisations sont généralement de toute aussi bonne qualité. Sauf que là j’ai dû tomber sur l’exception qui confirme la règle, les passages en italique sont truffés de coquilles (essentiellement des espaces en trop) ; ne me demandez pas pourquoi seuls les paragraphes en italique sont concernés je ne saurai vous répondre, c’est juste un constat. Constat qui n’a en rien gâché mon plaisir, j’ai toujours Sigil à portée de clic pour corriger ces légers tracas typographiques et/ou orthographiques.

[BOUQUINS] Viveca Sten – La Reine De La Baltique

V. Sten - La Reine De La BaltiqueJe dois cette chronique littéraire à une avant première France Loisirs (une fois n’est pas coutume) ; comme vous le savez peut être je suis tombé sous le charme de ces fameux « polars nordiques », ajoutez à cela que la présentation de La Reine De La Baltique a éveillé ma curiosité et me voilà parti pour la Suède avec Viveca Sten, l’auteure. Qui plus est ce titre peut parfaitement s’inscrire en invité surprise dans mon challenge 100% thriller, encore une bonne raison pour me laisser séduire…
Sandhamn est une ile paisible de l’archipel de Stockholm, la période estivale bat son plein. Un matin un corps est retrouvé empêtré dans un filet de pêche, accident, suicide ou meurtre ? Pour l’inspecteur Thomas Andreasson, chargé de l’enquête, toutes les hypothèses restent possibles, d’autant qu’il ne dispose que de maigres pistes. Quand une seconde victime, qui s’avère être la cousine de la première, est retrouvée assassinée dans sa chambre d’hôtel la piste criminelle s’impose d’elle même. Quel est le mobile de ces crimes ? Pour résoudre cette sordide affaire Thomas devra répondre à cette question, heureusement il pourra compter sur l’aide précieuse de Nora Linde, une amie d’enfance résidant à Sandhamn…
L’intrigue policière est plutôt bien ficelée, ce n’est certes pas une enquête menée tambour battant sur fond d’adrénaline mais elle nous réserve tout de même quelques surprises et rebondissements. Qui plus est le rythme de l’enquête s’intègre parfaitement au cadre paisible de Sandhamn. Je suppose qu’une véritable enquête de police ressemble à ça, des pistes que l’on explore à tâtons, parfois en faisant fausse route, parfois en tapant dans le mille presque involontairement.
Mais ce sont surtout les personnages qui rendent ce bouquin particulièrement attachant, l’auteure réussit à leur donner une véritable personnalité bien ancrée dans le quotidien, on partage leurs joies, leurs peines et leurs questionnements. Il semblerait que ce soit décidément la marque de fabrique du polar nordique.
J’espère d’ailleurs que les prochains tomes de la « série » seront publiés en France (4 autres titres déjà parus en Suède), d’une part parce que cette mise en bouche est plus que convaincante et d’autre part parce qu’il reste des questions en suspens (pas sur l’enquête proprement dite mais sur le devenir des personnages) ; cette saga suédoise mérite de se faire connaître plus largement que pour les seuls abonnés à France Loisirs.

[BOUQUINS] Joël Dicker – La Vérité Sur L’Affaire Harry Quebert

J. Dicker - La Vérité Sur L'Affaire Harry QuebertPour ma prochaine escapade littéraire numérique je quitte momentanément la noirceur des thrillers, mais je garde un pied dans le monde du polar, pour une juste cause : le Book Club de la Team (j’ai raté celui de décembre par manque de temps mais j’y reviendrai car le titre semble valoir le détour). Au programme de ce mois de janvier (déjà bien entamé) La Vérité Sur L’Affaire Harry Quebert de Joël Dicker, un jeune écrivain suisse.
1975, Aurora (New Hampshire), Nola Kellergan, 15 ans, disparait sans laisser de traces. 2008, le squelette de l’adolescente est retrouvé enterré dans la propriété de Harry Quebert, un écrivain de renommée internationale ayant entretenu une relation avec elle au moment de sa disparition, il avait alors 34 ans ; l’écrivain est arrêté et emprisonné bien qu’il clame son innocence. Marcus Goldman, ami et ancien élève de Harry, lui aussi écrivain bien qu’en panne d’inspiration actuellement, est convaincu de l’innocence de son ami et compte bien tout mettre en oeuvre pour découvrir la vérité…
D’entrée de jeu je dois avouer que j’allais à reculons vers ce bouquin, si pour certains le mot Goncourt est gage de qualité pour moi c’est plutôt synonyme de « à éviter sous peine d’ennui mortel » (j’ai peut être tort, toujours est-il qu’aucun de ces « prestigieux » lauréats ne m’inspire), La Vérité Sur L’Affaire Harry Quebert ayant été nominé pour le Goncourt 2013 et ayant remporté le Goncourt des Lycéens (un lot de consolation ?) vous comprendrez ma première réaction. Qui plus est j’ai une nette tendance à éviter les bouquins que l’on cherche à nous fourguer comme étant « à lire impérativement » sous peine de passer pour un demeuré. A sa décharge je reconnais que la quatrième de couverture était plutôt encourageante, le Book Club m’aura donc fourni un bon prétexte pour me lancer.
La première bonne surprise vient de l’écriture qui est très agréable à lire, pas d’effets de style tarabiscotés histoire de se donner des airs d’intello-qui-se-la-pète, une lecture fluide qui permet de plonger tout de suite dans un récit qui se partage entre le présent et les souvenirs. D’autre part toute la partie de l’intrigue qui tourne autour de l’enquête de Marcus est plutôt bien construite, on a le droit à de nombreux rebondissements qui relancent sans cesse le suspense. Mais le bouquin ne se résume pas à ce seul aspect « policier », c’est aussi et avant tout une grande histoire d’amitié (entre Marcus et Harry) et bien entendu il y a aussi l’histoire d’amour entre Harry et Nola, histoire que le puritanisme ambiant propre à l’Amérique n’hésitera pas à qualifier de sulfureuse, perverse (et encore ce sont les versions politiquement correctes) ; toujours est il que ces divers éléments s’imbriquent parfaitement les uns aux autres.
Le découpage du roman est plutôt original puisqu’il commence par le chapitre 31 et se termine par le chapitre 1, l’on remonte le temps au gré des souvenirs des protagonistes afin d’essayer de comprendre ce qu’il s’est réellement passé au cours de l’été 75, et lors de cette quête de la vérité bien des secrets « oubliés » refont surface. Le récit étant sensé émaner de Marcus il s’attarde surtout à déchiffrer les personnalités de Harry et Nola, les autres personnages sont survolés ce qui ne nous empêche pas de les cerner en quelques lignes. Mais revenons à notre « couple interdit » et plus précisément leurs échanges, c’est vrai qu’ils ne font pas très crédibles, empreints d’un romantisme fleur bleue limite nunuche ils manquent de profondeur sachant ce qu’implique leur engagement ; mais finalement on fait facilement abstraction de ce bémol et ça ne gâche en rien la beauté de leur histoire.
Au final on obtient une intrigue policière plutôt bien ficelée, riche en surprises, profondément humaine et bourrée d’émotions ; certes ce n’est pas la perfection absolue mais à l’aube de ses 28 ans l’auteur a encore le temps de peaufiner son style et de pallier ces prétendues faiblesses, il n’en reste pas moins que pour un second roman on peut estimer que Joël Dicker a réussi un coup de maître… Même si j’ai été bluffé par ce roman mon opinion sur le Goncourt et autres prix littéraires n’a pas évolué d’un iota, ce n’est pas un bandeau rouge autour d’un bouquin qui me poussera à l’acheter et à le lire, je continuerai comme je l’ai toujours fait : au feeling. Tant pis si je passe à côté de supposés chefs d’oeuvre…

La reconnaissance façon RH CAFAT

Entre novembre 2011 et mai 2012 Julie, notre chef de service a dû s’absenter pour grossesse pathologique, les rares fois où son remplaçant désigné daignait être présent dans nos locaux il ne se préoccupait guère de notre travail statistique du coup on s’est retrouvé plus ou moins livrés à nous même. Non que cela ait été particulièrement gênant disons simplement qu’il nous a fallu redoubler de vigilance afin de nous assurer que les chiffres communiqués étaient exacts (d’ordinaire nos données transitent par Julie pour validation), d’autant que nous avions les rapports d’activité à préparer, une sorte de bilan chiffré de l’activité des différents services de la Caisse, communiqué à l’extérieur (Affaires Sanitaires et Sociales, Gouvernement…) comme support de référence.
Du coup il nous a semblé légitime que notre travail soit reconnu par la Direction et nous avons adressé, par l’intermédiaire d’un représentant syndical (Henri), notre demande à la Direction. S’en sont suivies maintes réunions entre Henri, La Direction et les Ressources (in)Humaines sans jamais déboucher sur du concret ; certes tout le monde était d’accord pour reconnaître notre travail mais restait à définir la forme que prendrait cette reconnaissance. Bien que notre Convention Collective fasse état de la notion de prime exceptionnelle, attribuée « dans des circonstances particulières et/ou pour régler des situations de nature individuelle« , l’option a tout de suite été écartée afin de ne pas « créer de précédent » (c’est vachement futé de prévoir une disposition réglementaire mais de ne pas avoir les couilles de s’en servir).
Au final il a été décidé par la Direction de remettre la décision finale au retour de Julie. Après de nouveaux entretiens entre Julie, La Direction et les RH, c’est l’option des points d’évolution qui aura été retenue (l’avantage c’est qu’ils restent acquis jusqu’à la fin du contrat) mais pas d’effet rétroactif, ils seront attribués à compter de janvier 2013. Sympa pour Julie F. qui a entretemps démissionné pour X raisons et n’aura donc bénéficié d’aucune reconnaissance pour le travail fourni, et même pour Christelle c’est une option douce amère vu qu’elle quitte la CAFAT courant juillet. La grande question était de savoir de combien de points nous serions crédités…
La réponse est tombée aujourd’hui, dans un élan de générosité la Direction nous accorde à chacun 2 points d’évolution en plus de ceux demandés par Julie pour le travail de l’année écoulée. Pour info deux points ça représente moins de 2 400 XPF (20 €) de complément salarial mensuel ! Waow ça c’est de la reconnaissance !!! Dans le genre foutage de gueule notre RH place décidément la barre trés haut… Et après ça voudrait que l’on s’investisse d’avantage dans notre boulot et patati et patata ; désolé Ducon mais c’est donnant donnant, tu nous donne des miettes on te refourgue des miettes !
Je gueule pour le principe mais dans le fond je suis le seul véritable gagnant de l’affaire, n’ayant pas l’intention de quitter la CAFAT dans les prochaines années ces points d’évolution porteront leurs fruits sur le long terme ; il n’en reste pas moins que je trouve ça minable (pour reprendre un qualificatif à la mode en ce moment).

Mega – Le retour gagnant de Kim Dotcom ?

Un an après  la fermeture ultra-médiatisée du site MegaUpload et alors que le très controversé Kim Dotcom fait encore l’objet de poursuites aux Etats Unis, le gars revient sur le devant de la scène en proposant sa nouvelle plateforme d’hébergement : Mega. Plateforme présentée comme totalement légale (le contenu hébergé est crypté et son partage relève de la seule responsabilité des utilisateurs), sécurisée et tout le tralala…
Le fait que, comme l’on pouvait s’y attendre, le succès a été immédiat avec plus de 300 000 inscriptions en une journée (dont votre serviteur). Dans sa version gratuite la plateforme propose un espace de stockage de 50 Go, les plus gourmands pourront opter pour une des solutions payantes ; pour ma part il n’est pas question que j’envisage une solution payante, et même au cas où mon utilisation justifierait un abonnement j’attendrai d’avoir le recul nécessaire avant de me de choisir Mega plutôt qu’une autre.
Retour gagnant pour Kim Dotcom ? Oui à en croire le succès de sa nouvelle plateforme mais impossible de se prononcer sur le long terme. Wait and see…

Mega

[BOUQUINS] Caryl Férey – Mapuche

C. Férey - MapucheIl y a encore quelques temps j’aurai commencé par « nouveau détour par la Nouvelle-Zélande pour la suite de mon challenge 100% thriller », allez savoir pourquoi j’étais convaincu que Caryl Férey était un écrivain néo-zélandais (sans doute parce que je connaissais de lui que sa Suite Maorie, regroupant Haka et Utu). Retour en France donc pour la suite de mon challenge 100% thriller avec un roman conseillé par Lilou via Babelio, il s’agit de Mapuche (de Caryl Férey pour ceux qui n’auraient pas compris/suivi/lu mon intro).
Jana, une indienne Mapuche ayant fui la pampa pour Buenos Aires, vivote tant bien que mal de ses sculptures, quand un ami travesti est retrouvé sauvagement assassiné elle cherche à faire toute la lumière sur cette affaire qui ne semble pas passionner la police. Ruben Calderon, rescapé des geôles de la junte militaire, exerce comme détective privé dans la capitale argentine, à la demande d’un ami journaliste il accepte d’enquêter sur la disparition d’une photographe, fille d’un puissant et trouble homme d’affaire local. Rien ne rapproche ces deux individus et ces deux affaires, contre toute attente leurs chemins vont se croiser et leurs enquêtes se télescoper…
Pour une découverte j’avoue que j’ai été très agréablement surpris, si l’auteur semble aimer les intrigues exotiques (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et maintenant Argentine) il nous peint ici un portrait sans concession d’une Argentine bouffée par la pauvreté et la corruption, pas franchement la toile de fond idyllique d’un guide touristique. Son style haché et tranchant (un peu déconcertant au début mais l’on s’y fait rapidement) restitue parfaitement la noirceur et la dureté du quotidien (ou du passé, qu’il s’agisse des exactions en tout genre de la Junte militaire ou de l’élimination des Mapuche par les carabiniers). Au départ j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’intrigue, et pas seulement à cause du style, ça commence lentement (trop lentement à mon goût) mais heureusement une fois que les choses se décantent l’auteur nous tient en haleine de rebondissements en surprises sur un rythme de plus en plus endiablé jusqu’au bouquet final. L’un des points forts du bouquin étant les personnages de Jana et Ruben, au travers leur histoire on découvre celle de l’Argentine mais aussi le pourquoi du comment de leurs caractères bien trempés quoique radicalement opposés.
D’ores et déjà Caryl Férey a annoncé qu’un prochain roman devrait avoir pour cadre l’Amérique du Sud (le Chili plus précisément) et les Mapuche, toutefois il ne s’agira pas d’une suite mais bel et bien d’une nouvelle intrigue avec de nouveaux intervenants (au même titre que Haka et Utu qui n’ont que la Nouvelle-Zélande et la culture maorie en commun). En attendant ce roman m’a donné envie de me plonger plus en avant dans l’univers de l’auteur, encore un français qui n’a rien à envier à ses illustres voisins d’outre-Atlantique…
Il est rare que je cite des extraits des bouquins que je lis mais je trouve celui-ci tellement paradoxal que je me devais de le partager avec vous :
– Tu as grandi où ? demanda-t-il depuis le banc qui lui faisait face.
– Dans le Chubut, répondit Jana.
– En territoires mapuche ?
– Oui… (Elle saisit un pétale de rose au hasard de la nappe, le déchira avec application.) Mais on a été expulsés de nos terres, elle ajouta. Une multinationale italienne…
– United Colors ?
– Oui. On ne devait pas avoir la bonne…
L’ironie cachait mal l’amertume.
Au cas où vous ne l’auriez pas compris il s’agit de Benetton et sa marque United Colors dont les pubs vantent le mélange pluri-ethnique et le pire c’est que c’est authentique ; le groupe Benetton serait en effet propriétaire de 900 000 hectares de terrain (9% des terres cultivables de Patagonie) extorqué par la force aux indiens Mapuche par les autorités argentines.

[DVD] Looper

LooperNouvelle incursion dans la science-fiction pour notre pause DVD du jour mais rien à voir avec le bourrin Dredd, cette fois on fait dans le presque intello avec Looper de Rian Johnson (qui revêt la double casquette de scénariste et réalisateur).
Joe (Joseph Gordon-Levitt) est un looper, un tueur à gages opérant pour le compte de la mafia du futur en exécutant les cibles qu’elle renvoie dans le passé afin de faire disparaitre toute trace du corps. Mais quand Joe se trouve face à son alter-ego du futur (Bruce Willis) il a un moment d’hésitation qui permet à son double de lui échapper. Dès lors les deux Joe vont devenir la cible des portes-flingues de la mafia…
Pour tout vous dire au départ j’étais plutôt sceptique face à cette intrigue temporelle un rien tarabiscotée, je craignais que l’on cherche à nous noyer sous des théories abracadabrantes mais pas du tout, les faits sont énoncés et point barre place à l’intrigue à proprement parler. Intrigue qui pourrait se résumer en une double traque, d’un côté le Joe du présent qui cherche à éliminer celui du futur dans l’espoir de regagner les faveurs de son boss, de l’autre celle des portes-flingues qui doivent faire la peau aux deux Joe ; mais ce serait simplifier à outrance un film beaucoup plus profond que ça. Non seulement le film nous impose un rythme d’enfer mais en plus il parvient à être intelligent sans être intello (bin oui pour moi ce terme est un tantinet péjoratif). De plus même si le voyage dans le temps est un thème récurrent du cinéma de SF (même la confrontation entre le moi présent et son alter-ego passé ou futur a déjà été maintes fois abordée) Looper réussit à nous surprendre grâce à quelques trouvailles originales. Au final on obtient un film novateur, réussi et convaincant.
Au vu du casting vous ne serez pas surpris si je vous annonce que les acteurs sont crédibles, mention spéciale à Joseph Gordon-Levitt qui, pour « ressembler » à un Bruce Willis de 30 ans plus jeune a dû passer par la case maquillage et adapter son jeu à celui de son ainé, là encore le résultat est bluffant.
Avec un budget relativement modeste (30 millions de dollars) le film a d’ores et déjà été largement amorti puisque qu’il en est à plus de 166 millions de recettes au box office mondial, sachant que sa « carrière » est encore loin d’être finie ça promet un joli carton. Qui plus est il est rassurant de savoir que malgré une rentabilité plus que satisfaisante il ne devrait pas y avoir de suite…

[BOUQUINS] Carl Aderhold – Mort Aux Cons

C. Aderhold - Mort Aux ConsFinalement j’ai décidé de jouer les prolongations avec mes congés en m’offrant une semaine de répit supplémentaire avant de retourner à mes dossiers (le début de l’année est généralement une période plutôt calme). L’occasion de terminer mon bouquin commencé un peu avant les fêtes et laissé en stand-by pendant le rush de fin d’année, l’heureux élu est Mort Aux Cons, le premier roman de Carl Aderhold.
Un individu lambda (supposé être l’auteur) se met en tête d’éradiquer les cons qui lui (nous) pourrissent la vie. Après des premières victimes facilement identifiable il cherche à définir de manière indiscutable ce qui caractérise le con afin de choisir ses cibles avec exactitude…
Ce roman pourrait presque s’inscrire dans le cadre de mon challenge 100% thriller puisque l’on y suit le parcours d’un tueur en série qui affiche pas moins de 140 victimes mais le style opte d’avantage pour l’humour noir et le cynisme. La première bonne surprise vient du style de l’auteur qui est très agréable et permet une lecture fluide. Comme son sujet est plutôt intéressant (bien que peu crédible dans sa réalisation) je suis sorti globalement satisfait de cette lecture (quoique ça devient un peu redondant au fil des chapitres).
Toutefois même si la question n’est pas d’adopter ou non la philosophie de notre « chasseur de cons », je suis plus que certain que l’on a tous eu un jour des pensées assassines pour ces cons du quotidien (voisin ou conducteur indélicat, administration tatillonne…). Le bouquin n’a pas non plus la prétention de se vouloir un essai sur la connerie et les cons, pour le prendre au premier degré il faudrait soi même être un peu (beaucoup) con. Il n’en reste pas moins que la notion de con est globalement plus subjective qu’objective (à part pour certains cas désespérés) et peut varier d’un moment à l’autre (selon le contexte ou encore notre humeur du moment).
La morale de tout ça pourrait se résumer au refrain de la chanson de Pierre Perret, On Est Toujours Le Con De Quelqu’un :
Qu’on soit con ou pas con,
On est toujours le con de quelqu’un.
Mais on est rassuré à chaque fois
Qu’on trouve toujours plus con que soi.
Bien malin (ou plutôt prétentieux) celui qui pourra affirmer ne s’être jamais conduit comme un con…

[DVD] Dredd

DreddJe termine mes congés avec une pause DVD (Divx pour être exact) qui m’intriguait, à savoir Dredd de Pete Travis, un personnage déjà interprété par Sylvester Stallone en 1995 dans le film Judge Dredd de Danny Cannon.
Dans un futur plus ou moins proche la loi est assurée par les Juges, à la fois flic, juge et bourreau. Dredd (Karl Urban) est le meilleur d’entre eux, alors qu’on lui confie l’évaluation d’une novice (Olivia Thirlby) il accepte une enquête sur un triple homicide. Rapidement les deux juges se retrouvent enfermés dans une tour sans possibilité de contacter l’extérieur et avec des gangs armés lancés à leurs trousses par Ma-Ma (Lena Headey), une baronne de la drogue qui règne sans partage sur les lieux…
En fait j’étais curieux de savoir si le personnage de Dredd aurait enfin le droit à une incarnation réussie à l’écran vu que le film précédent a été un flop retentissant (et mérité il faut bien le reconnaître) ; ma réponse est sans appel : NON ! Le personnage n’a aucune profondeur, il se contente d’afficher une moue bovine (on ne voit que le bas de son visage, jamais il n’ôte son casque) en marmonnant quelques phrases courtes. Soit dit en passant c’est un peu le cas de tous les personnages du film, seule Ma-Ma semble avoir un passé et une histoire (c’est aussi l’un des personnages les mieux interprétés, il faut dire que Lena Headey a fait ses preuves dans les rôles de salope finie vu qu’elle est l’interprète de Cersei Lannister dans la série Game Of Thrones).
Le scénario est creux, pour ne pas dire inexistant, ça canarde à tout va et les scènes d’action sont plutôt réussies et efficaces (d’autant qu’avec un budget de 40 millions de dollars on est loin des blockbusters hollywoodiens) mais ça manque cruellement de consistance. C’est certes divertissant mais sans plus, j’ai vu et je ne regrette pas d’avoir tenté le coup mais ce n’est pas un film qui rejoindra ma collection naissante de BRD.
Si le film est suffisamment rentable (un peu tôt pour le dire) les producteurs n’excluent pas d’en faire une trilogie afin d’approfondir les personnages et l’univers du film… Il aurait peut être fallu commencer par là (au moins assurer le minimum syndical pour leur donner un brin d’humanité) histoire de « ferrer » son public. Si suite(s) il y a je pense que je passerai mon tour, mais ça n’engage que moi (j’ai lu quelques critiques élogieuses)…