[DVD] Watchmen – Les Gardiens

Watchmen - Les GardiensPour notre traditionnelle pause DVD du week-end nous avons opté pour Watchmen – Les Gardiens, adaptation pour le cinéma de la BD homonyme d’Alan Moore par Zack Snyder.
Quand un justicier masqué en retraite plus ou moins forcée se fait assassiner son ami, Rorschach (Jackie Earle Haley), l’un des derniers héros encore en service décide de mener l’enquête sur ce meurtre ; pour déjouer le complot qui se trame il aura besoin de convaincre ses ancien co-équipiers de reprendre du service…
Pas évident de résumer succinctement un film aussi riche tant ses dimensions sont multiples. D’une part il faut savoir que l’on se situe dans un contexte historique totalement différent de notre réalité, l’action démarre en 1985 alors que Nixon brigue un cinquième mandat à la Maison Blanche (la victoire éclair des USA lors de la guerre du Vietnam, grâce au Dr Manhattan, a permis au président de modifier la Constitution, abrogeant la limitation des deux mandats présidentiels consécutifs). Ensuite les super-héros que l’on découvre ici sont totalement à l’opposé de l’archétype Marvel ou DC Comics (bien que la BD originale bénéficie de la licence DC), ils sont désabusés, violents, alcooliques ou dépressifs quand ce n’est pas franchement indifférents (pour ne pas dire méprisants) face à ceux qu’ils sont sensés défendre (ce sont leurs méthodes expéditives qui les ont mis au ban de la société, en retraite plus ou moins forcée) ; mais surtout ils n’ont aucun super-pouvoir (à part Dr Manhattan, devenu l’icône du monde libre). Mention spéciale au Comédien (la victime) qui est, excusez-moi l’expression, un sacré fils de pute !
Pas évident d’adapter le travail d’Alan Moore au cinéma, d’autant que le gars affiche un mépris total envers ceux qui tenteront ce périlleux exercice avec plus (V Pour Vendetta) ou moins (La Ligue Des Gentlemen Extraordinaires) de réussite. Il demeure catégorique sur un point : son travail n’est pas fait pour le cinéma mais uniquement pour la BD… Non seulement il ne participe pas à ces adaptations mais il refuse carrément que son nom soit cité au générique des films adaptés de son travail.
Pour ma part je n’ai pas lu l’intégralité de Watchmen version papier (j’ai téléchargé la chose en PDF mais c’est un sacré pavé où chaque chapitre commence sous forme de BD classique et se termine par quelques pages « manuscrites » venant enrichir le scénario) mais au vu des quelques pages que j’ai feuilleté je trouve l’adaptation plutôt fidèle à l’original. C’est vrai que le cinéma ne rend jamais 100% des messages que l’écrit peut faire passer mais il faut réussir à se détacher du support papier pour apprécier pleinement l’adaptation cinéma (en inconditionnel de Stephen King je reconnais volontiers que ce n’est pas toujours un exercice facile… la tentation de comparer les deux supports est grande). En tout cas pour ma part voir le film m’a donné envie de me plonger dans la BD…
Globalement j’ai beaucoup aimé ce film malgré un début un peu chaotique (normal il faut situer chacun des personnages par rapport à la victime et au contexte), ça reste une vison bien pessimiste du genre humain et de la société avec une moralité pas très morale justement que l’on pourrait résumer par (sans trop en dire) : soigner le mal par le mal ! La richesse et l’évolution du scénario font que l’on ne s’ennuie pas une minute, même si le film dure pas loin de 3 heures ; ça passe comme une lettre à la poste !