[BOUQUINS] Caryl Férey – Magali

Février 2021, Magali Blandin disparaît. Un mois plus tard, son cadavre est découvert dans le bois de Boisgervilly (Ille-et-Vilaine), à proximité de son domicile.

Mère de quatre enfants, Magali a été assassinée par son mari. Le couple était en instance de divorce.

Magali Blandin avait quitté son mari en septembre 2020.

Très honnêtement je ne saurai vous dire pourquoi j’ai tilté sur ce bouquin en particulier.

Sans doute parce que Caryl Férey est un gage de qualité, même s’il est bien loin de son registre habituel en se penchant sur un féminicide survenu là où il a grandi. Sans doute aussi parce que le féminicide me débecte au plus haut point.

J’ai toujours été friand de ces émissions de télévision consacrées à des affaires criminelles, depuis déjà quelques temps, quand je suis à l’appart l’après-midi je zappe entre Chérie25 et son programme Snapped ou la chaîne Crime District. Selon les reportages abordés et les rediffusions du moment…

J’ai aussi pas mal de bouquins en stock sur cette thématique, mais comme toujours le manque de temps – et accessoirement de motivation – me transforme en lecteur procrastineur.

Parmi les affaires criminelles qui m’enragent, les féminicides tiennent le haut du pavé. Comment un déchet (à ce stade ça ne mérite pas de s’appeler un homme) peut en arriver à tuer sa femme ? Qui plus est souvent dans des conditions particulièrement sordides.

J’avoue que je n’ai gardé aucun souvenir de cette affaire, ce n’était malheureusement qu’un féminicide de plus – de trop – parmi tant – trop – d’autres. Même si, au fil des découvertes faites par les enquêteurs, l’affaire va se révéler encore plus macabre qu’elle ne s’annonçait.

Je m’attendais à une véritable démarche d’enquête et d’analyse des faits par Caryl Férey, au lieu de ça il se contente de reproduire des extraits d’articles de journaux, qu’il complète par des réflexions personnelles ou des souvenirs de ses jeunes années à Monfort-sur-Meu qui n’ont rien à voir avec l’affaire. Dans le dernier chapitre nous avons même le droit à ses réflexions de bobo-gauchisant sur l’actualité du moment. Un cadeau dont nous nous serions volontiers passés.

Autre petit bémol de pure forme, j’ai du mal à comprendre l’intérêt de l’auteur à affubler ses interlocuteurs de sobriquets ridicules. Qu’il ne nomme pas sa sœur peut encore se comprendre, mais des journalistes et des avocats franchement ça fout un coup à la crédibilité.

Hormis les faits concernant l’affaire à proprement parler, le reste fait surtout penser à du remplissage pour meubler et arriver au nombre de pages escompté. Ce n’est pas inintéressant comme lecture mais j’espérais mieux et surtout beaucoup plus approfondi.

Du coup je comprends mieux la colère de la famille de Magali Blandin à la suite de la sortie du bouquin. Ils reprochent à l’auteur, d’une part de ne pas avoir été consultés, mais aussi et surtout, ne voient pas en quoi il rend hommage à Magali.

Leur avocat, Maître Pineau, ne mâche pas ses mots :

Quant au meurtrier, que je ne nommerai pas afin de le priver d’une humanité dont il n’est pas digne, il n’a pas eu le courage d’affronter la justice pour répondre de ces actes. Sa lâcheté l’a poussé à se suicider en prison. Ses géniteurs, eux aussi impliqués, ont suivi le même chemin.

Un foutu gâchis et les vies de quatre gamins brisées à jamais.