[BOUQUINS] Frédéric Lepage – Plus Fort Que La Nuit

En arrivant à New York, Lana Harpending, cavalière hors pair et nouvelle recrue de la police montée, ne s’attendait pas à tomber doublement amoureuse.

D’abord, de son camarade de patrouille, Paul, qui va se retrouver au centre d’une affaire criminelle effroyable. Mais aussi du cheval qui lui est attribué, un appaloosa nommé Éridan, caractériel selon la rumeur, et dont elle parvient peu à peu à gagner la confiance.

Bientôt, un secret terrifiant vient se glisser entre Lana et son cheval. Un secret qui, dévoilé, pourrait entraîner la mort d’Éridan.

Alors, elle va faire un pari fou, et tenter l’impensable.

Parce que c’est Taurnada, un de leurs nombreux titres en retard figurant dans mon Stock à Lire Numérique.

L’occasion aussi de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada ainsi que la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée. Une fois encore, je m’excuse pour le retard de ce retour de lecture, partiellement indépendant de ma volonté.

Le roman débute comme un polar classique : une scène de crime bien glauque, un binôme d’enquêteurs aux personnalités diamétralement opposées et une enquête qui s’annonce difficile.

Très vite, Frédéric Lepage nous entraîne sur un autre terrain, celui de la relation entre Lana, jeune cavalière talentueuse tout juste intégrée à la police montée de New York, et Éridan, son cheval appaloosa au caractère bien trempé.

Cette relation fusionnelle entre la cavalière et sa monture constitue le cœur du roman. Elle est décrite avec beaucoup de justesse et d’émotion. Ces passages comptent parmi les plus réussis du livre, tant ils sont empreints de sensibilité et de vérité. On assiste à l’évolution du lien entre la cavalière et le cheval, la méfiance initiale d’Éridan fait place à une forme de résignation, avant qu’une réelle complicité ne s’installe et que la relation devienne fusionnelle… pour ne pas dire vitale.

Le revers de la médaille, c’est que l’intrigue policière se retrouve reléguée au second plan pendant une bonne partie du récit.

Il faut attendre la seconde moitié du roman pour que le polar reprenne ses droits et que les deux affaires de meurtre trouvent enfin un point de convergence. Les enquêteurs s’enfoncent alors dans un enchevêtrement de pistes aussi multiples que déroutantes, jusqu’à une conclusion efficace, qui parvient heureusement à redonner de la vigueur à l’ensemble.

En revanche, les passages romantiques consacrés à Lana m’ont nettement moins convaincu. C’est insipide et dégoulinant de guimauve. Par moments, on se croirait plongé dans un roman Harlequin ! Ces scènes donnent des frissons… mais pas dans le bon sens du terme.

Sur le plan stylistique, Frédéric Lepage a parfois tendance à s’égarer dans de longues descriptions – voire digressions – alternant entre des envolées lyriques et un vocabulaire parfois abscons. Cela vient alourdir inutilement le texte et casser le rythme. L’intrigue avance alors au pas tranquille d’un vieux poney rhumatisant, plutôt qu’au galop d’un pur-sang. Une fois encore ce n’est pas vraiment ce qu’on attend d’un polar.

L’un des points forts du roman réside toutefois dans la construction des personnages. Tous bénéficient d’un soin particulier : les personnalités sont bien dessinées, les interactions crédibles. Certains suscitent immédiatement l’empathie – Rosa, la maréchale-ferrante, Garance, la colocataire bienveillante, Ken, l’ancien collègue de la Crim’, ou même Lana, malgré ses égarements sentimentaux dignes d’une adolescente en pleine crise hormonale. D’autres, en revanche, se révèlent immédiatement antipathique – Manfred Stohr, le superviseur de la brigade, décroche sans conteste la palme du personnage le plus détestable.

Enfin, impossible de ne pas mentionner la place des animaux, véritable fil rouge du roman. Qu’il s’agisse d’Éridan, ce cheval aussi fier que fragile, ou des autres montures de la brigade, chacun possède une identité propre. Et puis il y a Einstein, le chien — irrésistible, touchant, et immédiatement attachant. Un vrai coup de cœur !

En conclusion, Plus Fort Que La Nuit est une lecture plutôt agréable, servie par des personnages bien construits et une belle sensibilité autour du lien humain-animal. Mais j’en ressors avec un sentiment mitigé : si le versant policier avait été davantage développé et le style plus épuré, mon ressenti aurait été bien plus enthousiaste.

4 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] Frédéric Lepage – Plus Fort Que La Nuit »

  1. Lu aussi, il y a quelque temps. J’avais aimé les moments entre Lana et son cheval, ils m’ont parlé, puisque j’aime les chevaux. Mais effectivement, la romance guimauve, on s’en serait bien passée.

    Là où le bât a blessé, c’est que ce roman était étiqueté polar, vendu comme tel dans le résumé et que le polar est en arrière-plan ! En fait, après l’intégration de Lana dans la police montée, il faut attendre un autre crime pour qu’elle se bouge les fesses et qu’elle enquête avec son ancien coéquipier, tout en tentant de résoudre le crime dégueu du début du roman.

      1. Non, de ce que je me souviens, on a lu plus tréipident comme enquête. Mais la partie avec le cheval est bien faite, dommage que les personnages ait été si manichéens.

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