AU MENU DU JOUR
Titre : Le Téléphone Carnivore
Auteur : Jo Nesbo
Éditeur : Gallimard
Parution : 2024
Origine : Norvège
288 pages
De quoi ça cause ?
Richard Elauved, quatorze ans et mal dans sa peau, est recueilli, après la mort de ses parents, par son oncle et sa tante dans une petite ville où il s’ennuie ferme, ne fréquentant que Tom, bègue et moqué de tous.
Le jour où ce dernier se volatilise, on accuse Richard de l’avoir poussé dans la rivière. Personne ne le croit quand il raconte que le téléphone de la cabine publique où il avait entraîné son camarade pour faire des blagues a dévoré l’oreille, puis la main, le bras et… le reste du corps de Tom. Personne sauf l’énigmatique Karen, qui l’encourage à mener une investigation jugée superflue par la police.
Envoyé en centre de redressement, Richard réussit à s’enfuir avec la complicité de jumeaux maléfiques et aboutit à un manoir abandonné dans la forêt, où se succèdent des phénomènes paranormaux qui semblent tous dirigés contre lui.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Je suis fan de Jo Nesbo et, bien entendu, de son personnage fétiche de Harry Hole. Point de Harry dans le présent roman – laissons le savourer un repos bien mérité avec son précieux Jim Beam –, l’auteur vient surprendre ses lecteurs en s’essayant à la littérature horrifique.
Ma Chronique
Si on m’avait dit qu’un jour Jo Nesbo allait se frotter à la littérature horrifique, qui plus est à de l’horreur façon série B (voire Z) qui connut ses heures de gloires dans les années 80, j’aurai sans doute ricané en secouant la tête devant une telle aberration (oui, je sais, j’aurai eu l’air très con). Et pourtant, c’est chose faite avec Le Téléphone Carnivore.
Commençons par le visuel avec une couv’ délicieusement kitsch et tape à l’œil qui n’est pas sans rappeler la cultissime collection Gore des éditions Fleuve. La quatrième de couv’ est tout autant racoleuse (quoiqu’un peu trop disserte)… Ça promet !
Reste à savoir si le ramage se rapporte au plumage.
Dès les premières pages on peut d’ores et déjà affirmer que oui. Tous les ingrédients du genre sont là, un ado mal dans sa peau au passé tourmenté et sa bonne copine compréhensive qui veut l’aider, des scènes horrifiques bien détaillées riches en hémoglobine, un scénario qui part un peu dans tous les sens, faisant fi de la cohérence et de la vraisemblance… On plonge de plein pied dans un récit délicieusement régressif (pour les anciens qui ont connu cette littérature des années 80).
Que les choses soient claires, n’espérez pas le grand frisson et les sueurs froides, à moins d’être un ado prépubère en mal de sensations fortes. Comme souvent avec ce genre de romans, nous sommes davantage dans le divertissement horrifique qu’autre chose, il manque une réelle dimension psychologique pour que la peur vous prenne aux tripes.
Les personnages, adolescents comme adultes, font souvent un peu clichés mais ça colle parfaitement au contenu. Des ados un peu paumés (outre Richard, on peut aussi citer Tom et Jack), d’autres imbus d’eux-mêmes, sûrs de leur prétendue supériorité (la palme revient ici à Oscar), sans oublier l’énigmatique Karen, la seule qui semble disposée à croire Richard. Des adultes plutôt incrédules (à l’image de Frank et Jenny, les parents adoptifs de Richard), d’autres franchement soupçonneux (tels le sheriff McClelland ou l’agent Dale).
Si Jo Nesbo semble véritablement prendre plaisir dans ce nouveau registre inattendu, il reste toutefois le maître du jeu et va finalement rebattre les cartes de son récit dans la dernière partie du roman. À l’image du Canada Dry, il ne faut pas se fier aux apparences. Certains regretteront sans doute cet ultime revirement, les plus rationnels seront plutôt soulagés… Pour ma part je suis mi-figue mi-raisin, certes j’aurai aimé que le final soit à l’image du reste du bouquin, mais le choix de l’auteur s’inscrit dans une certaine logique.
Un titre qui n’aurait pas dépareillé dans la défunte collection Gore, une collection et un genre que les éditions Faute de Frappe se font un plaisir de remettre en avant. Il n’en reste pas moins que Jo Nesbo rafle la mise avec son pari un peu fou, force est de reconnaître que j’en suis le premier surpris.
MON VERDICT
C’est tout de même un peu plus fort que « le téléphone pleure » ? 😆
Elle ferait moins sa maline la daronne avec ce genre de téléphone 😀
Oh put***, oui !! 😆