Librairie Montaigne (1958-2012)

Librairie MontaigneHier matin, alors que je rentrais tranquillement d’une réunion au Receiving j’ai été surpris et même peiné de découvrir en devanture la Librairie Montaigne, en haut de la Place des Cocotiers, une panonceau annonçant sa fermeture pour dépôt de bilan.
Il faut dire qu’avec cinquante quatre années d’existence l’enseigne faisait partie du paysage, et c’est d’autant plus dommage que l’on ne croule pas sous les librairies en Nouvelle-Calédonie avec deux enseignes généralistes (Pentecost et L’As de Trèfle), une plus centrée sur la littérature locale et les beaux livres (Calédo-Livres), un bouquiniste et France Loisirs. Mais voilà les dures lois du marché et la concurrence d’internet auront eu raisons de cette librairie qui offrait un choix unique (au niveau local) en bandes dessinées.
Même si pour ma part ce n’était pas l’enseigne que je privilégiais (j’ai mes habitudes chez Pentecost) il m’est arrivé à plusieurs reprises de me fournir chez eux, donc forcément ça fait un petit pincement au coeur (comme à tout lecteur qui apprend la disparition d’une librairie je suppose). J’en vois déjà certains qui n’hésiteront pas à me jeter la pierre étant donné que je n’ai jamais caché être un gros lecteur numérique et « pire encore » profiter sans vergogne de l’offre illégale dans ce secteur… Devrai-je donc me sentir (partiellement) responsable ou coupable de ce baisser de rideau ? Et bien je vous rassure je suis en paix avec ma conscience sur ce point ! Certes je n’ai aucun remords à profiter de l’offre numérique « pirate » mais cela ne m’a jamais empêcher de continuer à m’approvisionner en « vrais » livres achetés presque exclusivement en librairie.
Je ne jetterai pas non plus la pierre à ceux et celles qui profitent des achats en ligne (principalement chez Amazon), le consommateur est en droit de chercher la meilleure offre disponible sur le marché. J’ai déjà eu l’occasion d’aborder la question des prix des livres en Nouvelle-Calédonie (à lire ici), tant qu’un effort réel ne sera pas fait à ce niveau il ne faudra pas s’étonner que les clients aillent voir ailleurs pour trouver leur bonheur. Je conçois qu’un libraire soit un commerçant qui a besoin de gagner sa vie mais, au risque de paraître utopiste, je trouve que c’est aussi quelqu’un qui devrait partager sa passion avec le plus grand nombre ; et navré de vous décevoir mais le fameux « plus grand nombre » n’a pas forcément les moyens de débourser 4 à 5 000 XPF (entre 33 et 42 €) pour s’offrir un livre neuf…