L’Anti-France en chansons

Super DupontJe n’ai jamais caché mes opinions fortement ancrées à droite ni mon attachement indéfectible au camps loyaliste mais il n’empêche que parfois « une certaine » France me donne la gerbe ; celle qui par exemple cautionne le gel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie alors que la mesure est franchement discriminatoire (j’aurai aussi envie de dire anticonstitutionnelle mais le Conseil Constitutionnel a justement décrété le contraire), sympa pour les futurs citoyens calédoniens qui se retrouvent relégués en citoyen de seconde catégorie (cela concernerait 44000 personnes) ! Mais le but de ce post n’est pas de tergiverser sur le passé (même si je suppose que l’avenir nous réserve encore quelques trahisons et « coups de pute »)…
Au moment des évènements des chanteurs locaux avaient repris certains succès de la chanson française en les adaptant à la situation du Territoire à l’époque ; certes certains textes étaient profondément racistes et haineux mais on va dire que c’est l’époque qui voulait ça. Je me rappelle notamment de la chanson « Le France » de Michel Sardou dans laquelle la Calédonie s’appropriait le refrain : « Ne m’appelez plus jamais France – La France elle m’a laissé tomber – Ne m’appelez plus jamais France – C’est ma dernière volonté« … Je profite de ce post pour un petit appel personnel : si quelqu’un possède encore ces enregistrements (sur K7 audio à l’époque) je serai ravi d’en avoir une copie.
Tout ça pour dire que le chanteur engagé et/ou rebelle n’a rien de nouveau mais par curiosité je me suis lancé à la recherches de chansons françaises que l’on pourrait qualifier d’être « Anti-France » (un concept emprunté personnage Super Dupont de Gotlib) sans pour autant sombrer dans les méandres des appels à la haine chers à certains abrutis de rappeurs (et paf j’aime pas le rap, surtout le rap de bas étages… pour ne pas dire des caniveaux).

Le premier titre à me venir à l’esprit est Hexagone de Renaud, avant qu’il ne soit rattrapé par la société (et les abus en tout genre). Bien que le titre ne soit plus totalement d’actualité ça demeure un incontournable du répertoire de notre loubard embourgeoisé. Facile me direz-vous ; en effet ce genre de texte chez un chanteur qui se proclame anarchiste n’a rien de surprenant.
Alors j’ai continué à creuser vers des auteurs plus « politiquement correct » et je suis tombé sur Le Patriote de Raphaël ; le jeune « gendre idéal » abonné aux douces mélodies et aux romances sirupeuses se lâche dans son dernier album ! Surprenant, pas forcément très crédible mais c’est une autre histoire…
Enfin (et oui déjà) je reste dans les dernières sorties d’album et sort la carte Philippe Katerine, OVNI totalement inclassable de la chanson française, il s’illustre encore dans son album homonyme sur plusieurs titres et notamment la chanson Liberté, qui tient en 3 phrases répétées inlassablement…

RENAUD – Hexagone (Amoureux de Paname – 1975)

Ils s’embrassent au mois de Janvier,
Car une nouvelle année commence,
Mais depuis des éternités
L’a pas tell’ment changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y’a qu’le décor qui évolue,
La mentalité est la même :
Tous des tocards, tous des faux culs.

Ils sont pas lourds, en février,
À se souvenir de Charonne,
Des matraqueurs assermentés
Qui fignolèrent leur besogne,
La France est un pays de flics,
À tous les coins d’rue y’en a 100,
Pour faire régner l’ordre public
Ils assassinent impunément.

Quand on exécute au mois d’mars,
De l’autr’ côté des Pyrénées,
Un anarchiste du Pays basque,
Pour lui apprendre à s’révolter,
Ils crient, ils pleurent et ils s’indignent
De cette immonde mise à mort,
Mais ils oublient qu’la guillotine
Chez nous aussi fonctionne encore.

Etre né sous l’signe de l’hexagone,
C’est pas c’qu’on fait d’mieux en c’moment,
Et le roi des cons, sur son trône,
J’parierai pas qu’il est all’mand.

On leur a dit, au mois d’avril,
À la télé, dans les journaux,
De pas se découvrir d’un fil,
Que l’printemps c’était pour bientôt,
Les vieux principes du seizième siècle,
Et les vieilles traditions débiles,
Ils les appliquent tous à la lettre,
Y m’font pitié ces imbéciles.

Ils se souviennent, au mois de mai,
D’un sang qui coula rouge et noir,
D’une révolution manquée
Qui faillit renverser l’Histoire,
J’me souviens surtout d’ces moutons,
Effrayés par la Liberté,
S’en allant voter par millions
Pour l’ordre et la sécurité.

Ils commémorent au mois de juin
Un débarquement d’Normandie,
Ils pensent au brave soldat ricain
Qu’est v’nu se faire tuer loin d’chez lui,
Ils oublient qu’à l’abri des bombes,
Les Français criaient « Vive Pétain »,
Qu’ils étaient bien planqués à Londres,
Qu’y’avait pas beaucoup d’Jean Moulin.

Etre né sous l’signe de l’hexagone,
C’est pas la gloire, en vérité,
Et le roi des cons, sur son trône,
Me dites pas qu’il est portugais.

Ils font la fête au mois d’juillet,
En souv’nir d’une révolution,
Qui n’a jamais éliminé
La misère et l’exploitation,
Ils s’abreuvent de bals populaires,
D’feux d’artifice et de flonflons,
Ils pensent oublier dans la bière
Qu’ils sont gouvernés comme des pions.

Au mois d’août c’est la liberté,
Après une longue année d’usine,
Ils crient : « Vive les congés payés »,
Ils oublient un peu la machine,
En Espagne, en Grèce ou en France,
Ils vont polluer toutes les plages,
Et par leur unique présence,
Abimer tous les paysages.

Lorsqu’en septembre on assassine,
Un peuple et une liberté,
Au coeur de l’Amérique latine,
Ils sont pas nombreux à gueuler,
Un ambassadeur se ramène,
Bras ouverts il est accueilli,
Le fascisme c’est la gangrène
À Santiago comme à Paris.

Etre né sous l’signe de l’hexagone,
C’est vraiment pas une sinécure,
Et le roi des cons, sur son trône,
Il est français, ça j’en suis sûr.

Finies les vendanges en octobre,
Le raisin fermente en tonneaux,
Ils sont très fiers de leurs vignobles,
Leurs « Côtes-du-Rhône » et leurs « Bordeaux »,
Ils exportent le sang de la terre
Un peu partout à l’étranger,
Leur pinard et leur camembert
C’est leur seule gloire à ces tarés.

En Novembre, au salon d’l’auto,
Ils vont admirer par milliers
L’dernier modèle de chez Peugeot,
Qu’ils pourront jamais se payer,
La bagnole, la télé, l’tiercé,
C’est l’opium du peuple de France,
Lui supprimer c’est le tuer,
C’est une drogue à accoutumance.

En décembre c’est l’apothéose,
La grande bouffe et les p’tits cadeaux,
Ils sont toujours aussi moroses,
Mais y’a d’la joie dans les ghettos,
La Terre peut s’arrêter d’tourner,
Ils rat’ront pas leur réveillon;
Moi j’voudrais tous les voir crever,
Étouffés de dinde aux marrons.

Etre né sous l’signe de l’hexagone,
On peut pas dire qu’ca soit bandant
Si l’roi des cons perdait son trône,
Y’aurait 50 millions de prétendants.

RAPHAEL – Le Patriote (Pacific 321 – 2010)

Si j’étais moins intelligent
Si j’avais pas ma carte de lâche
Je leurs foutrais mon pied dans les dents
Je leurs faciliterais pas la tâche

En première page des magazines
Ils sont partout dégueulant
Leurs réformes et leur grippe porcine
Le bon peuple et son président

Mais la France parfois ça me déprime
Et les français sont désolants

Tous des camés, des pédophiles
C’est ce qu’ils pensent ces pauvres tarés
Si tu rentres pas dans la file
Tu finis bien vite aux arrêts
Et dès qu’il y en a un qui tombe
Ils se ramènent tous regrettant
Ils vont tous chialer sur sa tombe
La Légion d’honneur c’est pour quand ?

Et les français sont désolants,
Et la France parfois ça me déprime

Le conformisme des enfants
Qui peuvent pas aligner deux phrases
Et le courage de leur parents
Devant le monde qui s’embrase
Les étrangers, ça va dans des camps
On va quand même pas sauver le monde
Et mes Santiago dans tes dents
C’est toujours mieux que de te répondre
Avec mes amitiés viriles
Et c’est sûr, la France, ça me déprime

Il faut chanter la marseillaise
Et avé’ la main sur le coeur
Moi je la siffle avec les beurs
Prie pour qu’au foot on soit de la baise
L’ordre moral est bien partout
La démago de gauche à droite
J’aime mieux attendre qu’ils soient bien saouls
Avant de me battre

Et les Français sont désolants,
Et le débat est captivant

Ca parle encore dans les cafés
Ca parle toujours dans les journaux
C’est toujours nous qu’on va payer
Tous des pourris, tous au poteau
Que les meilleurs partent en premier
Restent donc que les bons connards
Ca fait longtemps que je l’avais noté
Planqué derrière mes lunettes noires
J’ai comme une idée qu’il faut que je te dise
Cette France, hé bien moi, je la méprise

Et les chanteurs avec quota
Et la déprime de la radio
Que je la coupe même quand c’est moi
On devrait revenir au mono
Mon pote Renaud tu nous manques tant putain
Réveille toi car la France
C’est devenu salement déprimant
Depuis que t’es parti en vacances
Depuis que t’es parti en vacances

PHILIPPE KATERINE – Liberté (Philippe Katerine – 2010)

Liberté, mon cul !
Egalité, mon cul !
Fraternité, mon cul !

A vous de jouer, si vous avez d’autres titres en stock n’hésitez pas à les faire connaître ; je vous demande juste d’essayer de faire en sorte que les titres soient intemporels (c’est pour ça que j’ai volontairement passé sous silence le titre Sarkoland de Trust) et sans véritable haine…

[DVD] Tout Ce Qui Brille

Tout Ce Qui BrilleNotre pause DVD du week-end sera placé sous le signe de la comédie française puisque nous opterons pour la révélation surprise de Géraldine Nakache et Hervé Mimran, Tout Ce Qui Brille.
Deux amies d’enfance (Leïla Bekhti et Géraldine Nakache) vivent dans une triste banlieue parisienne et profitent des nuits pour s’évader dans les hauts lieux des nuits huppées de la capitale, un monde qui n’est pas le leur mais qui les attire irrésistiblement. Et pourtant ce monde du paraître pourrait bien ruiner leur amitié au fur et à mesure que l’une s’enfonce dans le mensonge et les apparences, tandis que l’autre apprend à apprécier son monde et sa vie…
Une sympathique comédie 100% cocorico menée par deux jeunes actrices pleines de naturel et de fraîcheur et par de nombreux seconds rôles (Audrey Lamy, Virginie Ledoyen, Manu Payet…) qui viennent étoffer ce « choc des cultures » sur fond parisien. Et pourtant je ne peux m’empêcher d’avoir un sentiment global plutôt mitigé, sans doute en partie dû au battage médiatique autour du film qui fait que je m’attendais à un truc vraiment exceptionnel, mais aussi à cause de certains clichés faciles qui plombent le film. Certes « tout ce qui brille n’est pas or » mais est-ce pour autant systématiquement de la daube ? A force de vouloir caricaturer à l’extrême les opposés le film manque de crédibilité et frôle même par moment le superficiel…
Voilà pourquoi je dirai simplement « sympathique mais aurait pu mieux faire », heureusement le talent des comédien(ne)s nous fait oublier ces erreurs de jeunesse (pour être tout à franc sur le coup j’ai été beaucoup plus enthousiaste, c’est avec le recul que j’ai émis ce petit bémol). Je sais que c’est plutôt court comme chronique pour ce qui aurait dû être la « comédie de l’année » mais malheureusement même en me creusant la tête je ne trouve rien à ajouter… Ni pour, ni contre… Faudra faire avec !