Faute à un emploi du temps professionnel plutôt chargé j’ai pris un peu de retard dans la tenue de mes chroniques, il donc temps pour moi d’y remédier ! Notre pause DVD du week-end dernier fut consacrée au film de Xavier Giannoli, A l’Origine.
Un escroc sans envergure (François Cluzet) tombe par hasard sur le chantier abandonné d’un tronçon d’autoroute, il y voit là le terrain idéal pour monter sa plus grosse arnaque : faire croire aux gens de la commune voisine que les travaux vont reprendre… Sauf qu’il ne pouvait pas prévoir que l’arrêt brutal de ce chantier a laissé la commune et ses habitants dans un désarroi complet, et moins encore que cette situation le toucherait au point de tout mettre en oeuvre pour y remédier et assurer coûte que coûte la reprise du chantier… L’escroc devient alors le sauveur de la commune aux yeux de tous, sauf qu’on ne s’improvise pas chef de chantier, surtout pas sur un projet d’une telle envergure…
Aussi incroyable que cela puisse paraître le film s’inspire d’une histoire vraie, celle de Philippe Berre escroc au grand coeur un tantinet schizo… Pour cette escroquerie hors du commun il écopera d’une peine de 5 ans de prison, un verdict plutôt clément qui s’explique par le fait qu’une seule des victimes de l’escroc ait décidé de porter plainte, les autres le considérant comme le héros de la région qui aura relancé le chantier (il sera en effet poursuivi au-delà du tronçon initial avec les équipes recrutées par Philippe Berre) et permis à la commune de retrouver un second souffle. Difficile de comprendre les motivations d’un tel personnage ; si l’escroquerie semble lui coller à la peau finalement il sévit sans faire trop de mal, rendant même service. Aujourd’hui Philippe Berre est retourné en prison après une nouvelle série d’escroqueries, la dernière en date ayant eu lieu peu après la tempête Xynthia se faisant passer pour un fonctionnaire du Ministère de l’Agriculture chargé d’aider les sinistrés. Là encore il n’a pas escroqué les petites gens, au contraire il les aidait à déblayer les déchets et débris transportés par la tempête ; une fois encore c’est sa démesure qui causera sa perte.
Pour en revenir au film à proprement parler il vaut le coup d’œil, en aucun cas il ne faut le voir comme l’éloge de Philippe Berre, le gars y apparaît comme une petite frappe torturé et tourmenté, victime de sa folie des grandeurs mais tellement déterminé à aider cette petite commune à retrouver un second souffle qu’il en devient inévitablement attachant (une occasion de plus pour souligner l’immense talent de François Cluzet).
Malgré 11 nominations aux Césars 2010 seule Emmanuelle Devos remportera le précieux trophée en tant que meilleure actrice dans un second rôle (elle incarne le maire du village) ; mais il faut dire qu’en face de lui se trouvait le grand gagnant de la soirée, Un Prophète de Jacques Audiard. Face à un pareil rival la défaite demeure honorable…