Une fois de plus Canal+ réussit un coup de force en proposant une mini série TV (3 épisodes de 100 minutes chacun) qui sort des sentiers battus, en effet avec Carlos la chaîne nous propose de suivre le parcours du terroriste (et non du chanteur) homonyme qui ensanglanta le monde dans les années 70 et 80 avant d’être arrêté et condamné à la prison à perpétuité en 1994.
Ilitch Ramirez Sanchez de son vrai nom (incarné à l’écran par Edgar Ramirez ; je doute fort que l’homonymie entre le personnage et son interprète soit purement fortuite) a d’abord agit sous couvert du FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine) avant de devenir un électron libre entouré de fidèles lieutenants proposant leurs services mortels au plus offrant; ce n’est sans doute pas pour rien qu’il a été considéré, en son temps, comme l’homme le plus dangereux du monde…
Après ce premier épisode je dirai que le scénario semble respecter la réalité historique des faits (certains passages sont même des images d’archives) maintenant pour ce qui est de la personnalité même de Carlos difficile de séparer le réel de la fiction. Une chose est certaine le principal intéressé aurait bien aimé y apporter son grain de sel (ou peut être devrai-je dira sa version des faits), il a en effet demandé à avoir un droit de regard sur le scénario qui lui a été logiquement refusé. Mis devant le fait accompli après avoir lu le scénario le gugusse a fait connaître son mécontentement en envoyant la lettre suivante à Edgar Ramirez (le comédien qui interprète Carlos à l’écran : « Il y a presque cinq siècles, des conquistadors espagnols découvrent une mine exploitée par les Amérindiens, où ils fonderont la ville de Lobatera, la plus ancienne de l’État du Táchira, au Venezuela. Un conquistador du nom de Ramírez est notre ancêtre commun, ses descendants ayant colonisé d’autres territoires, dont La Grita – ta branche – et Michelena, fondée par mon grand-père et ses amis, déjà à l’étroit à Lobatera. Les familles de Michelena se sont illustrées dans la société et l’histoire contemporaine du Venezuela comme préfet, professeurs, pharmaciens, avocats, militaires, ingénieurs… Idéologiquement allant de la droite conservatrice à la gauche communiste. Aucun n’a trahi notre pays en devenant serviteur des puissances étrangères. Aucun n’a déshonoré notre famille. Pourquoi, Edgar, acceptes-tu de travestir la vérité historique ? Pourquoi te prêtes-tu à une oeuvre de propagande contre-révolutionnaire diffamant le plus connu des Ramírez ? Je me tiens droit, intransigeant sur les principes transmis par mon père, refusant de me vendre à l’empire décadent. Edgar, ne laisse pas la gloire éphémère, à la solde de Hollywood, te faire tourner la tête. La renommée médiatisée est passagère. Elle ne peut pas se substituer au respect, à l’honneur, à la réalité. Vive notre Venezuela bolivarien ! Vive notre Terre sainte de Palestine ! Dieu est le plus grand. Carlos, Poissy, 14 mai 2010.«
L’opinion de Carlos n’a pas changé après avoir vu le premier épisode (j’ignorais que les détenus avaient accès à Canal+ alors que certains honnêtes gens ne peuvent s’offrir ce « luxe ») ; sa réaction est toujours aussi hostile : « Ce personnage n’a pas de rapport avec moi. On découvre un alcoolique drogué qui ne passe son temps qu’à tuer des gens et à se payer des femmes. On nous présente des attaques commandos complètement ridicules… Jamais les choses ne se font comme ça. Ce qui est présenté s’oppose à toutes les règles de combat« . (voir la lettre originale et l’article sur TVMag.com)
C’est vrai qu’à la vue de ce premier épisode les attaques sont un peu brouillonnes mais d’un autre côté ce sont ses premiers attentats donc il n’était sans doute pas aussi bien préparé que par la suite. Je ne me prononcerai pas sur le personnage lui-même, le vrai ne m’inspirant que haine et dégoût, par contre la voix française est un peu (beaucoup) ridicule avec cet accent hispanique trop prononcé. Une chose est sûre à la lecture de son courrier le gars est toujours aussi illuminé, sa place est définitivement derrière les barreaux jusqu’à ce que mort s’ensuive.