Afin de faire face aux divers dérapages (et plus si affinités) liés à la consommation abusive d’alcool les autorités locales, via le Haut Commissariat, ont décidé de réagir en sortant de leurs cartons le bon vieux sceptre de la prohibition… Après tout il est tellement plus facile d’interdire que de s’attaquer aux racines mêmes du mal !
Depuis septembre 2008 la vente d’alcool est purement et simplement interdite les vendredis et samedis de 16 à 21 heures (heure de fermeture des plus tardives épiceries de quartier) ; éventuellement en cas de long week-ends la prohibition peut même se faire encore plus sévère. Ainsi le moi de mai compte deux week-ends à rallonge (pas pour tout le monde) :
– Week-end de l’Ascension : vente d’alcool interdite du jeudi 13 à midi au dimanche 16 minuit.
– Week-end de la Pentecôte : vente d’alcool interdite le vendredi 21 de 16 à 21 heures et du samedi 22 midi au lundi 24 minuit.
Je ne dis pas qu’il faut rester les bras croisés et prendre les méfaits de l’alcoolisme comme une fatalité mais je reste convaincu que l’interdiction façon prohibition des années 30 n’est pas une réponse adaptée au problème. Certes les flics affirment qu’ils rencontrent moins de problèmes d’ivresse publique depuis la mise en place de ces mesures et que les cellules de dégrisement sont moins chargées que par le passé ; si une véritable politique de répression de l’ivresse pub lique était mise en place je suis persuadé que les résultats seraient encore plus probants, sans parler de l’image globale de Nouméa dont le blason est bien terne… Et pas qu’aux yeux des touristes !
Les faits divers liés à l’alcool continuent malgré tout de faire la une de notre quotidien, les accidents de la route liés à l’alcool continuent d’endeuiller des familles brisées à jamais… Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que les seuls à être pénalisés par ces mesures sont les consommateurs occasionnels, l’acoolo de base fera des réserves et alors le résultat sera le contraire de celui recherché, il consommera encore d’avantage qu’à l’accoutumée et logiquement le risque de drames ou d’accidents sera revu à la hausse. Tu parles d’un succès ! Un succès bidon de « m’as-tu-vu » juste pour la façade histoire de donner bonne conscience à nos politiques !
On peut aussi se pencher sur les conséquences économiques de cette interdiction, pas tant pour les grandes surfaces qui ont de quoi accuser le coup mais plutôt pour les petits commerçants de proximité (difficile d’avoir des chiffres exacts mais certains affirment perdre 30% de leur chiffre d’affaire), et encore je ne vous parle pas des cavistes qui subissent de plein fouet le contrecoup de ces interdictions à répétition.
Enfin un autre aspect économique de cette mesure est le développement du marché noir, si au départ il n’y avait que quelques commerçants à braver l’interdit et à en profiter pour vendre bière, vin et whisky plus du double du tarif habituel (7000 XPF une bouteille de Johnnie Walker Red Label contre 2200 XPF en grande surface) ; aujourd’hui il ne faut pas chercher longtemps pour trouver des contrevenants qui pratiquent les mêmes prix qu’à l’accoutumée et ce malgré les risques d’amende de 400000 XPF si les flics leur tombent dessus (mais d’un autre côté j’imagine mal qu’un client puisse aller se plaindre au commissariat s’il surprend son épicier à refiler une bouteille à un autre client).
Dormez en paix braves gens, les pandores garants de l’ordre public et de votre sécurité veillent au grain ; dormez en paix messieurs les politiciens et autres décideurs, vous avez bonne conscience n’est-ce pas ? Même en lisant le journal le lundi matin et en découvrant le bilan de la route et autres drames que vos mesures bidons n’ont pu empêcher ! N’est-ce pas ?
Ne voyez pas dans ce billet une quelconque ode à l’alcool, oui je suis consommateur et oui j’ai moi même recours, de temps en temps, au marché noir mais après avoir bu un coup je file me coucher sans emmerder personne. La prévention en matière de sécurité je n’y crois pas désolé, ou alors elle faut qu’elle soit accompagnée d’une double rasade de répression… A la vôtre mes ami(e)s !
Jour : 14 Mai 2010
[DVD] Démineurs
Ne changeons pas les bonnes habitudes, profitant du pont de l’Ascension nous nous sommes offert une petite pause DVD avec le film Démineurs, réalisé par Kathryn Bigelow.
L’on y suit une équipe de démineurs de l’armée américaine (Jeremy Renner, Anthony Mackie et Brian Geraghty) au coeur du conflit irakien. Trois personnalités différentes qui, sur le terrain, doivent faire preuve d’un sang froid à toute épreuve, mais n’en sont pas moins des hommes, avec leurs forces et leurs faiblesses, tout ça dans dans un cadre qui leur est fortement hostile…
Grand gagnant des Oscars 2010 face à Avatar avec 6 statuettes remportées dont les plus prestigieuses : oscar du meilleur film et Oscar du meilleur réalisateur, réalisatrice en l’occurrence ; par contre aucun Golden Globe malgré trois nominations (à chacun son jour de gloire, c’est Avatar de James Cameron qui dominera largement la cérémonie). Autant dire que ce film avait de quoi titiller ma curiosité de cinéphile… Et je suis resté sur le cul !
Sans oublier le côté spectaculaire c’est surtout le réalisme qui frappe, ici pas de soldats invincibles mais juste des hommes qui portent chacun un regard différent sur la vie et sur la guerre avec son lot de questions et de doutes… Sans être forcément nerveux le montage entretient un suspense et une tension à couper le souffle (quasiment au sens propre, par moment j’oubliais de respirer tellement j’étais dans le film).
Vous l’aurez compris j’ai été conquis par ce film qui repose exclusivement sur son trio d’interprètes principaux, pas vraiment des superstars hollywoodiennes mais convaincants au possible et servis par un scénario en béton armé !
Il faut croire que les conflits en Afghanistan et en Irak inspirent les réalisateurs qui portent un regard plus humain sur la guerre, loin du patriotisme exacerbé et du GI indestructible qui vient sauver le monde. Le ton a été donné par Jarhead (Sam Mendes) suivi par Redacted (Brian De Palma) et aujourd’hui Kathryn Bigelow n’a pas à rougir de ses Démineurs ; à noter que même la TV est inspirée par la Guerre du Golfe avec l’excellente série Over There. Un nouveau regard sans doute pas étranger au phénomène 11 septembre 2001 quand les américains ont enfin compris qu’ils n’étaient pas intouchables…