Ce week-end de glandouille aura aussi été l’occasion pour moi de terminer Malronce, le second opus de la saga Autre-Monde écrite par Maxime Chattam.
On y retrouve nos trois jeunes héros de l’Alliance Des Trois bien déterminés à traverser les contrées sauvages jusqu’au royaume de la reine Malronce afin d’obtenir des réponses sur le pourquoi du comment de la traque impitoyable des armées royales (les cyniks) contre les enfants survivants (les pans). Mais le périple ne sera pas de tout repos, outre les patrouilles de cyniks la nature est devenue plus hostile que jamais ; mais cette quête sera aussi l’occasion de croiser de nouveaux alliés potentiels… Et d’affronter la perversité des adultes métamorphosés par le cataclysme ; et si le prix à payer était justement la perte de l’innocence propre à l’enfance…
Si le premier tome m’avait quelque peu laissé sur ma faim par son côté un peu trop enfantin force est de reconnaître que Maxime Chattam reprend les choses en main dans ce second opus, ça n’a pas non plus la puissance obscure d’un Grangé ou d’un King mais l’histoire est empreinte d’avantage de noirceur et d’ambiguïtés… Plus de violence aussi, car pour survivre face à l’adversité nos héros n’auront d’autres choix que de tuer; et s’ils finissaient par prendre goût à cette violence ? Au fil des pages se pose aussi la question du devenir des pans, est-ce qu’en prenant de l’âge ils sont condamnés à devenir des cyniks ou existe-t-il une alternative ? Est-ce que la sexualité, taboue ou bannie, est définitivement l’élément déclencheur de la métamorphose ?
Sur le site officiel de la saga Maxime Chattam explique que depuis son plus jeune âge il rêve d’écrire une saga à la façon du Seigneur des Anneaux, si Autre-Monde n’est pas l’aboutissement de ce rêve (de son propre aveu) c’est en tout cas un coup d’essai qu’il est en passe de transformer. Au vu des multiples questions laissées en suspens à la fin de ce second tome j’attends avec impatience la sortie du suivant (déjà sorti en France, il devrait être disponible en libraire courant mai ici), d’autant qu’il boucle une première partie de la saga qui devrait compter 7 tomes.
Jour : 20 avril 2010
[DVD] Un Prophète
Pour notre première pause DVD du week-end nous opterons pour le film Un Prophète de Jacques Audiard ; vu l’accueil enthousiaste qu’il a reçu, aussi bien de la part du public que de la critique, il m’était impossible de passer à côté et donc de me faire ma propre opinion de la chose.
A première un scénario somme toute assez classique. Un jeune délinquant maghrébin (Tahar Rahim) est expédié en Centrale pour y purger une peine de 6 ans. Après avoir fait ses preuves auprès d’un caïd de la pègre corse (Niels Arestrup) il est pris sous son aile, en échange de menus services il bénéficie de la protection du clan. Fort du conseil d’un co-détenu (et future victime) il est bien déterminé à faire en sorte de sortir de taule moins con qu’en y entrant, non seulement il va apprendre à lire et écrire mais en plus il va apprendre le corse histoire de comprendre ce que manigancent ses « protecteurs ». Sous des apparences de détenu modèle il est déterminé à ne pas rester le larbin des corses et à se faire une place au soleil, quitte à jouer dangereusement sur plusieurs tableaux à la fois…
Pour tout vous dire ce film fait l’effet d’une claque en pleine gueule qui vous laisse sur le cul ! Tout est parfaitement maîtrisé, le scénario, les acteurs (outre les personnages principaux on croise de nombreux rôles secondaires tous parfaitement travaillés et crédibles), l’image… Franchement on frôle la perfection, ses 9 César (parmi les plus prestigieux) et sa palme d’or à Cannes (entre autres récompenses) sont amplement mérités je n’hésiterai même pas à affirmer que s’il est passé à côté de l’Oscar du meilleur film étranger c’est, à mon avis, parce qu’il fait trop « américain » justement. En effet il n’a pas à rougir face aux films carcéraux à gros budget Made in Hollywood ; au contraire sa place est bel et bien aux côtés des plus grands du genre (Papillon, Midnight Express, Les Evadés, L’évadé D’Alcatraz… Et j’en oublie sûrement plein d’autres).
Certes c’est un film noir et violent mais d’un autre côté la prison ne ressemble pas franchement au pays des bisounours, l’univers carcéral y est dépeint avec beaucoup de réalisme (violence omniprésente, corruption), sans concession et pour y survivre il faut bien souvent se montrer impitoyable et c’est exactement ce que fait ce gamin qui cherche avant tout à s’en sortir la tête haute, quel que soit le prix à payer. Le film nous prend aux tripes comme rarement un film français a su le faire. Je le dis et le redis haut et fort Un Prophète est un véritable chef d’oeuvre du cinéma français, incontestablement un futur film culte qui fera référence dans les annales du cinéma. Jacques Audiard confiait que c’est là son « plus gros film » et bien qu’il se rassure le résultat est au-delà de toutes attentes, il peut être fier de son bébé…